Théâtre

"L’affrontement"... Ou quand la modernité bouscule l’Église

"L’affrontement", Théâtre Rive Gauche, Paris

Dans une pièce qui traite du thème de l’Église face à sa propre modernité, "L’affrontement" aborde avec beaucoup d’humour la place de celle-ci aujourd’hui. Peut-on faire évoluer des dogmes religieux plusieurs fois centenaires sans renier l’institution même de l’Église ?



Francis Huster et Davy Sardou © Lot.
C’est la première fois qu’il est possible d’entrer dans un théâtre comme dans une église. Il est là le prêtre, habillé de sa redingote noire, là, le père Tim Farley (Francis Huster) perché dans sa tribune côté cour et surplombant la scène. La voix haut perchée, il fait avec solennité un prêche où l’humour habille chacun de ses propos dominicaux. L’écho fait ressortir la religiosité du moment.

Pourquoi l’église refuse-t-elle le droit de sacerdoce aux femmes ? Pourquoi s’oppose-t-elle au mariage des prêtres ? Ce sont toutes ces questions qui sont débattues entre le jeune séminariste Mark Dolson (Davy Sardou) plein de fougue, de franchise et habillé de modernité face à un prêtre prêchant dans le respect liturgique de l’Église Romaine.

Les thèmes de la religion face à la modernité sont traités avec persuasion, humour, passion. La pièce donne à réfléchir sans pour autant versée dans l’ennui ou l’intellectualisme.

La voix des comédiens est timbrée d’écho, comme venant des cieux. Francis Huster habite un personnage drôle, vif et assez emporté. Son jeu est très marqué corporellement mais sa voix est souvent trop appuyée.

© Lot.
Davy Sardou arrive à incarner un personnage qui oscille entre différentes émotions telles que la colère, la passion voire la distance. Il donne à son personnage des accents sincères sans pour autant tomber dans des trémolos. Il est là enfin le divin diacre qui veut bousculer le monde ecclésiastique, le divin diacre qui fait ses gammes liturgiques avec une truculence qui ne cohabite jamais avec la naïveté. Entier dans sa démarche, il souhaite bousculer l’Église par souci démocratique et justice. Davy Sardou est superbe dans le jeu, juste dans les intonations et les colères. La voix du jeune diacre porte, pointe et épingle avec brio la religion chrétienne. Très naturel, dans des gammes de voix et de jeu assis dans un large spectre d’émotions, il incarne un personnage aussi proche de ses convictions que de Dieu. Il se fait le porte-parole d’une autre voix de l’Église qui outrepasse, comme dans toute religion, un diktat consensuel.

Le texte de Bill C. Davis est bien écrit, éloquent sans être verbeux, bien construit dans la trame. La mise en scène articule avec justesse les différents moments de la pièce tout en gardant une simplicité dans son approche scénique. C’est vif, rapide avec pour chaque acte, une chanson rock, blues ou country.

Mécréants, athées ou croyants de toutes obédiences peuvent s’assoir sur un même banc pour vivre la même scène et passer un bon moment.

"L’affrontement"

© Lot.
Texte : Bill C. Davis.
Mise en scène : Steve Suissa.
Assistant mise en scène : Denis Lemaître.
Avec : Francis Huster (Père Tim Farley) et Davy Sardou (Mark Dolson).
Lumière : Jacques Rouveyrollis.
Décor : Stéfanie Jarre.
Costumes : Édith Vesperini.
Son : Alexandre Lessertisseur.
Durée : 1 h 30.

Jusqu'au 25 septembre 2013.
Du mardi au samedi à 21 h, le dimanche à 17 h 30.
Théâtre Rive Gauche, Paris 14e, 01 43 35 32 31.
>> theatre-rive-gauche.com

Safidine Alouache
Lundi 15 Juillet 2013
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