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J'ai peur de ne pas renouveler mes droits… Eux en ont la certitude

Je suis intermittente du spectacle. Ce n'est pas mon métier, mon métier, c'est comédienne. Intermittente, c'est juste mon régime d'indemnisation du chômage. C'est aussi une pratique d'emploi : je travaille à la mission, souvent avec des contrats très courts, pour différents employeurs. D'où un régime d'indemnisation adapté.



© DR.
J'exerce bien évidemment au théâtre, parfois au cinéma, à la TV ou pour la pub, souvent dans l'événementiel. Je travaille aussi régulièrement dans un lieu culturel important qui n'est pas un lieu de spectacle. Pas mal de mes collègues artistes travaillent aussi dans les parcs d'attractions et de loisir.

Pourquoi ce constat ? Parce que quel que soit le secteur où j'exerce, je travaille régulièrement avec des collègues "extras" de la restauration et de l'événementiel, des professionnels du "catering", des agents d'accueil, de sécurité, et des salariés du tourisme, embauchés à la mission, en CDDU, exactement comme moi. Comme pour moi, leurs secteurs d'activité sont à l'arrêt total. Or, eux, n'ont pas de régime spécifique. Ou plutôt, n'en ont plus (1).

Avec la crise que nous vivons, j'ai bénéficié d'une mesure de maintien de mes droits. Elle est ce qu'elle est, elle est imparfaite, mais l'"année blanche" me garde la tête hors de l'eau jusqu'en août 2021.

Eux, comptent les jours sans travail, pas simplement pour "refaire leurs heures", mais parce que chaque jour qui passe est un capital (2) qui s'effrite - quand ils n'ont pas déjà eu la malchance de perdre leurs indemnités avant la crise, suite à la réforme monstrueuse de 2019 (3). Leur indemnité chômage s'épuise sans se recharger depuis 10 mois. Pour beaucoup d'entre eux, c'est déjà le RSA.

Moi, j'ai encore 7 mois pour voir venir.
Eux ne voient déjà plus rien venir depuis plus de 10 mois.
Moi, j'ai peur de ne pas pouvoir renouveler mes droits,
Eux en ont la certitude.
Moi, j'ai un régime spécifique.
Eux, ils sont désormais au régime général, un régime qui ne tient pas compte de leurs pratiques d'emploi discontinu.

Nous, nous sollicitons ensemble 500 000 signatures pour une pétition déposée sur le site de l'Assemblée nationale demandant l'examen en urgence d'un projet de proposition de loi "pour une reconnaissance de l'activité des intermittents du travail en restauration, hôtellerie et événementiel."

500 000 signatures sont indispensables pour que la pétition soit automatiquement débattue au Parlement. Prendre 2 minutes pour signer la pétition anonymement en vous connectant avec "France Connect", l'application officielle de l'administration publique, pourrait bien tout changer à la catastrophe qui s'annonce pour eux et, à terme, pour tous les intermittents de l'emploi.

>> Consulter la proposition de loi n° 3552.
>> Signer la pétition.

Faisons en sorte que la solidarité interprofessionnelle à l'origine de nos droits ne soit pas à sens unique.

(1) L'annexe 4 au régime général de l'assurance-chômage a été supprimée lors de la réforme de 2017.
(2) L'ARE du régime général de l'assurance-chômage s'épuise chaque jour non travaillé, contrairement à l'ARE des annexes 8 et 10 à ce même régime qui prend fin à date fixe.
(3) Dans une étude d'impact de la réforme, l'Unedic envisageait déjà, avant la crise, que le nombre de chômeurs indemnisés baisserait de 210 000 d'ici à 2022 du fait des nouvelles règles de l'assurance-chômage. Bien que leur entrée en application ait été repoussée au 1er janvier 2021, et que deux de ses dispositions aient été retoquées par le Conseil d'État, le retour aux règles antérieures ne s'est pas appliqué aux personnes privées d'emploi entre le mois de novembre 2019 et le mois d'août 2020, excluant entre 8 000 et 10 000 personnes chaque mois selon FO.

Rébecca Dereims, Comédienne
Vendredi 19 Février 2021
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