© Christophe Raynaud de Lage.
Si le land art traditionnel utilisait plus la nature qu'il ne la servait, ici le changement de paradigme est palpable au premier regard : aucune des propositions ne modifie "durablement" le paysage mais, tout au contraire, le donne à voir autrement en en révélant l'essence. Cette conception d'une réconciliation de l'art avec la nature conduit collectivement le groupe de promeneurs à arpenter "en tous sens" un paysage devenant dès lors une (dé)construction politique.
Stefan Kaegi, metteur en scène suisse et allemand, invite les spectateurs à s'allonger librement, casques aux oreilles, sur un coteau dominant un vaste panorama. Là, ils entendront des conversations à bâtons rompus sur un autre paysage partagé par une psychanalyste, un garde forestier, une fillette, une chanteuse, un météorologue… b["Pourquoi s'allonge-t-on en psychanalyse ? Les arbres sont-ils grands en Ukraine ? J'avais l'habitude d'embrasser les arbres, de leur parler… Ici, que des couleuvres, pas de vipères dangereuses… J'ai dormi dans la forêt, avec des sangliers rôdant autour de la tente… On devra désormais favoriser les arbres qui n'ont pas besoin de beaucoup d'eau, comme les arbousiers…".]i Leurs paroles prises sur le vif s'immisceront progressivement dans les propres rêveries du promeneur solitaire, en train de vivre lui-même une expérience leur faisant écho.
Stefan Kaegi, metteur en scène suisse et allemand, invite les spectateurs à s'allonger librement, casques aux oreilles, sur un coteau dominant un vaste panorama. Là, ils entendront des conversations à bâtons rompus sur un autre paysage partagé par une psychanalyste, un garde forestier, une fillette, une chanteuse, un météorologue… b["Pourquoi s'allonge-t-on en psychanalyse ? Les arbres sont-ils grands en Ukraine ? J'avais l'habitude d'embrasser les arbres, de leur parler… Ici, que des couleuvres, pas de vipères dangereuses… J'ai dormi dans la forêt, avec des sangliers rôdant autour de la tente… On devra désormais favoriser les arbres qui n'ont pas besoin de beaucoup d'eau, comme les arbousiers…".]i Leurs paroles prises sur le vif s'immisceront progressivement dans les propres rêveries du promeneur solitaire, en train de vivre lui-même une expérience leur faisant écho.
© Christophe Raynaud de Lage.
Begüm Erciyas et Daniel Kötter, turco-belge et allemand, s'approprient artistiquement les techniques de l'imagerie militaire pour donner à voir le paysage vidé de ses habitants. Une nature sans humains, un no man's land inquiétant et fascinant à la fois, la nature régnant enfin de plein droit sans s'embarrasser de celles et ceux qui la colonisent à leur profit… Coiffé d'un casque de réalité virtuelle, le spectateur, déstabilisé par le vertige qui le prend face aux étendues sur lesquelles son regard navigue, vivra dans sa chair une expérience de troisième type le déstabilisant, au propre comme au figuré… Un choc propre à déciller les yeux.
Sofia Dias & Vitor Roriz, performeurs portugais, au travers d'un audioguide, invitent les participants, constitués en deux collectifs distincts, à entrer en osmose avec les semblables de leur espèce… et avec les arbres. Une expérience sensible, à résonances quelque peu ésotériques, supposant un lâcher prise intégrale pour accéder à la communion recherchée.
Chiara Bersani et Marco d'Agostin, chorégraphes et danseurs italiens, provoquent une situation de nature à reconsidérer "le point de vue". Un performeur handicapé moteur et son complice sans handicap (apparent) se livrent à un étonnant déjeuner sur l'herbe où l'un et l'autre coopèrent sur fond de paysage recomposé. Se superposeront ainsi leurs corps unis dans leur différence, corps se détachant sur une toile translucide où un paysage peint laissera filtrer la nature au second plan. Visage, paysage… et leur double.
Sofia Dias & Vitor Roriz, performeurs portugais, au travers d'un audioguide, invitent les participants, constitués en deux collectifs distincts, à entrer en osmose avec les semblables de leur espèce… et avec les arbres. Une expérience sensible, à résonances quelque peu ésotériques, supposant un lâcher prise intégrale pour accéder à la communion recherchée.
Chiara Bersani et Marco d'Agostin, chorégraphes et danseurs italiens, provoquent une situation de nature à reconsidérer "le point de vue". Un performeur handicapé moteur et son complice sans handicap (apparent) se livrent à un étonnant déjeuner sur l'herbe où l'un et l'autre coopèrent sur fond de paysage recomposé. Se superposeront ainsi leurs corps unis dans leur différence, corps se détachant sur une toile translucide où un paysage peint laissera filtrer la nature au second plan. Visage, paysage… et leur double.
© Christophe Raynaud de Lage.
Émilie Rousset, metteuse en scène française, récolte comme un bien précieux la parole critique de personnes reconnues pour leur engagement mûri à l'aune de leur expertise environnementale au-dessus de tous soupçons. Cette parole est ensuite retravaillée théâtralement pour être confiée à des interprètes jouant en situation les problématiques posées. Ainsi, installé sur le coteau face aux rangs de vignes dévalant jusqu'à l'horizon, casque aux oreilles, le spectateur découvrira le tableau vivant composé d'une directrice d'ONG aux analyses pointues, d'une éthologue passionnée par les cris d'oiseaux et d'un viticulteur bio qui, du haut de son tracteur dernier cri manœuvrant entre les pieds de vigne, confie les clefs d'une agriculture soucieuse de respecter la terre qui la nourrit.
El Conde de Torrefiel, collectif espagnol de Tanya Beyeler et Pablo Gisbert, propose une installation minimaliste… d'une efficacité maximale. Un long panneau horizontal, supporté par deux poteaux et accompagné de quatorze haut-parleurs, se détache au milieu d'un champ de terre limité au loin par une ligne de cyprès entourés de buissons. Sur cet écran, viendra s'écrire en lettres lumineuses un réquisitoire percutant, proféré d'une voix sans faille, et adoptant pour son adresse la première personne du singulier. Les phrases qui s'enroulent les unes aux autres déroulent une dialectique sans faille, faisant surgir au grand jour l'arrogance démentielle des hommes mettant effrontément la Nature sous leur coupe. Fatuité humaine dégonflée au final comme un ballon de baudruche… biodégradable.
El Conde de Torrefiel, collectif espagnol de Tanya Beyeler et Pablo Gisbert, propose une installation minimaliste… d'une efficacité maximale. Un long panneau horizontal, supporté par deux poteaux et accompagné de quatorze haut-parleurs, se détache au milieu d'un champ de terre limité au loin par une ligne de cyprès entourés de buissons. Sur cet écran, viendra s'écrire en lettres lumineuses un réquisitoire percutant, proféré d'une voix sans faille, et adoptant pour son adresse la première personne du singulier. Les phrases qui s'enroulent les unes aux autres déroulent une dialectique sans faille, faisant surgir au grand jour l'arrogance démentielle des hommes mettant effrontément la Nature sous leur coupe. Fatuité humaine dégonflée au final comme un ballon de baudruche… biodégradable.
© Christophe Raynaud de Lage.
Ari Benjamin Meyers, compositeur américain basé à Berlin, clôt ce parcours au long cours. Sa proposition de symphonie bucolique résonne alors, au soleil couchant, comme un hymne à cette traversée vécue des "Paysages partagés" au plus près des réalités… naturelles. Un cheminement salutaire, une pause écoresponsable remettant en perspective les enjeux terriens par le biais du jeu artistique.
Vu le samedi 8 juillet 2023, à l'Espace naturel Pujaut, Pujaut.
Vu le samedi 8 juillet 2023, à l'Espace naturel Pujaut, Pujaut.
"Paysages partagés, 7 pièces entre champs et forêts"
© Christophe Raynaud de Lage.
Spectacle en français et en anglais.
Conception et curation : Caroline Barneaud, Stefan Kaegi.
Pièces : Chiara Bersani et Marco D'Agostin, El Conde de Torrefiel, Sofia Dias et Vítor Roriz, Begüm Erciyas et Daniel Kötter, Stefan Kaegi, Ari Benjamin Meyers, Émilie Rousset.
Avec : Corentin Combe, Thomas Gonzalez, Emmanuelle Lafon, Clément et Guillaume Papachristou.
Musiciens : Maxime Atger en alternance avec Anton Chauvet, Amandine Ayme (saxophones), Julien Berteau (trombone), Téoxane Duval (flûte), Leïla Ensanyar (trompette), Ulysse Manaud (tuba).
Voix : Henri Carques, Febe Fougère, Charles Passebois, Sylvie Prieur, Oksana Zhurauel-Ohorodnyx.
Accompagnement dramaturgique pour le projet d'Émilie Rousset : Élise Simonet.
Direction Musicale : Daniel Malavergne.
Costumes : Machteld Vis.
Accessoires : Mathieu Dorsaz.
Coordination de performing Landscape : Chloé Ferro, Monica Ferrari, Lara Fischer (Rimini Protokoll).
Assistante artistique : Giulia Rumasuglia.
Régie générale : Guillaume Zemor.
Régie polyvalente : Xavier De Marcellis.
Régie vidéo : Nicolas Gerlier, Victor Hunziker.
Régie son : Janyves Coïc, Charlotte Constant, Marc Pieussergues et les équipes du Théâtre Vidy-Lausanne.
Durée : 7 h.
•Avignon In 2023•
Du 7 au 9, du 11 au 13, les 15 et 16 juillet 2023.
Représenté à 16 h.
Espace naturel Pujaut, Pujaut (30).
Réservations : 04 90 14 14 14 tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
Conception et curation : Caroline Barneaud, Stefan Kaegi.
Pièces : Chiara Bersani et Marco D'Agostin, El Conde de Torrefiel, Sofia Dias et Vítor Roriz, Begüm Erciyas et Daniel Kötter, Stefan Kaegi, Ari Benjamin Meyers, Émilie Rousset.
Avec : Corentin Combe, Thomas Gonzalez, Emmanuelle Lafon, Clément et Guillaume Papachristou.
Musiciens : Maxime Atger en alternance avec Anton Chauvet, Amandine Ayme (saxophones), Julien Berteau (trombone), Téoxane Duval (flûte), Leïla Ensanyar (trompette), Ulysse Manaud (tuba).
Voix : Henri Carques, Febe Fougère, Charles Passebois, Sylvie Prieur, Oksana Zhurauel-Ohorodnyx.
Accompagnement dramaturgique pour le projet d'Émilie Rousset : Élise Simonet.
Direction Musicale : Daniel Malavergne.
Costumes : Machteld Vis.
Accessoires : Mathieu Dorsaz.
Coordination de performing Landscape : Chloé Ferro, Monica Ferrari, Lara Fischer (Rimini Protokoll).
Assistante artistique : Giulia Rumasuglia.
Régie générale : Guillaume Zemor.
Régie polyvalente : Xavier De Marcellis.
Régie vidéo : Nicolas Gerlier, Victor Hunziker.
Régie son : Janyves Coïc, Charlotte Constant, Marc Pieussergues et les équipes du Théâtre Vidy-Lausanne.
Durée : 7 h.
•Avignon In 2023•
Du 7 au 9, du 11 au 13, les 15 et 16 juillet 2023.
Représenté à 16 h.
Espace naturel Pujaut, Pujaut (30).
Réservations : 04 90 14 14 14 tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com