© Michel Juvet.
Jann Gallois, habillée d'une robe couleur gris brillant, commence la représentation par un solo théâtral où elle remercie le public d'être présent en s'attardant, avec humour, sur la situation pandémique. Original pour un spectacle de danse où la parole est souvent absente et où l'expression est uniquement corporelle. Le mariage du verbe et du geste s'effectue lorsque David Coria avance sur scène. Son entrée se fait remarquer par le son sortant naturellement de ses chaussures de Flamenco. Jann Gallois tient des propos sur le geste parfait et la théâtralité quand elle est portée sur les épaules du nouvel arrivant pour accomplir ensemble un très joli duo avec une gestuelle des membres supérieurs de la première portée par les zapateados et les palmas du second.
La parole aurait sans doute gagné à être atténuée lorsque la synchronisation entre les deux interprètes débutait pour éviter un manque de compréhension et un léger trop-plein. La danseuse a une gestuelle tout en rotondité avec quelques mouvements géométriques des bras qui deviennent ballants, pesant vers le bas par la force gravitationnelle, en gardant de la hauteur avec un tronc porté par des épaules droites et des coudes formant un angle de quatre-vingt-dix degrés avec les avant-bras.
La gestique, accompagnée de palmas des deux artistes et des tapes sur les épaules de David Coria, est tout en rondeurs, vive, rapide avec quelques ruptures où les paumes, remontées par l'ensemble des doigts, semblent glisser dans les airs comme des virgules. Ainsi, la figure, composée des deux interprètes dont la première porte la gestique des membres supérieurs quand le second celui des membres inférieurs, devient une mosaïque humaine où les deux individualités existent dans leur plénitude.
Puis flamenco et contemporain ont chacun leurs solos respectifs avant que les deux ne se réunissent pour un duo. David Coria démarre un récital de zapateados, les talons tapant le sol et se décollant légèrement de celui-ci avec quelques ruptures lorsqu'il lève le plat du pied pour taper son talon gauche à mi-hauteur. Les taconeos s'enchaînent, toujours avec rapidité, assortis d'une gestuelle des bras autour du tronc à hauteur de taille. Le rapport au corps est tendu et ferme. Puis Jann Gallois enchaîne, pleine de grâce et de majesté oscillant entre rapidité et lenteur, en étendant ses bras, les faisant tournoyer autour d'elle à distance de son tronc. Les mouvements sont amples suivis de déplacements vifs. Son rapport à l'espace se révèle tout aussi physique, mais avec une gestuelle et des trajets scéniques beaucoup plus larges.
La parole aurait sans doute gagné à être atténuée lorsque la synchronisation entre les deux interprètes débutait pour éviter un manque de compréhension et un léger trop-plein. La danseuse a une gestuelle tout en rotondité avec quelques mouvements géométriques des bras qui deviennent ballants, pesant vers le bas par la force gravitationnelle, en gardant de la hauteur avec un tronc porté par des épaules droites et des coudes formant un angle de quatre-vingt-dix degrés avec les avant-bras.
La gestique, accompagnée de palmas des deux artistes et des tapes sur les épaules de David Coria, est tout en rondeurs, vive, rapide avec quelques ruptures où les paumes, remontées par l'ensemble des doigts, semblent glisser dans les airs comme des virgules. Ainsi, la figure, composée des deux interprètes dont la première porte la gestique des membres supérieurs quand le second celui des membres inférieurs, devient une mosaïque humaine où les deux individualités existent dans leur plénitude.
Puis flamenco et contemporain ont chacun leurs solos respectifs avant que les deux ne se réunissent pour un duo. David Coria démarre un récital de zapateados, les talons tapant le sol et se décollant légèrement de celui-ci avec quelques ruptures lorsqu'il lève le plat du pied pour taper son talon gauche à mi-hauteur. Les taconeos s'enchaînent, toujours avec rapidité, assortis d'une gestuelle des bras autour du tronc à hauteur de taille. Le rapport au corps est tendu et ferme. Puis Jann Gallois enchaîne, pleine de grâce et de majesté oscillant entre rapidité et lenteur, en étendant ses bras, les faisant tournoyer autour d'elle à distance de son tronc. Les mouvements sont amples suivis de déplacements vifs. Son rapport à l'espace se révèle tout aussi physique, mais avec une gestuelle et des trajets scéniques beaucoup plus larges.
© Michel Juvet.
Chacun porte dans leur création leur propre signature artistique. Yann Gallois, autant chorégraphe que danseuse, après une formation de musicienne, débute par le hip-hop et se dirige vers la danse contemporaine. Ce mariage lui permet d'originales créations où son travail sur les planches lie ces deux univers. David Coria, aussi chorégraphe de son côté, a eu la rare chance de côtoyer, pour une personne de sa génération, le flamboyant et très talentueux Antonio Gadès (1936-2004). Il mêle de la théâtralité dans son art et épouse, durant ce spectacle, le contemporain avec beaucoup de talent.
Les deux interprètes forment ensuite un duo. Leurs bras se suivent, le tronc de l'une devançant ou suivant celui de l'autre. Ils sont assez proches et suffisamment distants pour qu'ils aient chacun leur propre amplitude. Assis au sol, la synchronisation finit par les unir. Ils roulent l'un sur l'autre pour traverser pendant quelques mètres la scène dans sa longueur.
La musique semble venir d'ailleurs, car à la jonction de différents mondes avec des percussions autour d'une très grosse caisse et d'une batterie. Le piano et le clavicorde d'Alejandro Rojas accompagnent aussi audacieusement les chorégraphies où pour ce dernier instrument, le son liturgique du clavecin ressemble à celle d'une guitare. Le chant de David Lagos apporte aussi un souffle chaud et profond, avec une émotion à fleur de peau.
Finalement, David Coria s'habille de la même robe que Jann Gallois au milieu de la représentation. Il garde la même gestique qu'avec son veston sans ajouter une quelconque modification à celle-ci comme s'il n'incarnait que son propre personnage avec des costumes qui seraient neutres et transparents. À quoi servent-ils alors ? Les sourires ou rires peuvent fuser dans le public comme s'il fallait saluer cette audace qui n'en est pas une. Mais peu importe à vrai dire, toutes les frontières ont été abolies autant dans la danse que dans la musique avec la rencontre de multiples univers, jusqu'au médiéval, transcendant toutes les différences artistiques et temporelles.
Le solo théâtral du début faisait état du geste parfait. À quoi bon qu'il soit parfait ou non. Les chorégraphies dans toutes leurs grâces n'ont pas eu besoin de cette vue de l'esprit pour être de toute beauté et faire rêver ! En défendant aussi, et en le montrant, un rapport ouvert aux autres et à l'ailleurs dans un monde de plus en plus reclus sur lui-même.
Les deux interprètes forment ensuite un duo. Leurs bras se suivent, le tronc de l'une devançant ou suivant celui de l'autre. Ils sont assez proches et suffisamment distants pour qu'ils aient chacun leur propre amplitude. Assis au sol, la synchronisation finit par les unir. Ils roulent l'un sur l'autre pour traverser pendant quelques mètres la scène dans sa longueur.
La musique semble venir d'ailleurs, car à la jonction de différents mondes avec des percussions autour d'une très grosse caisse et d'une batterie. Le piano et le clavicorde d'Alejandro Rojas accompagnent aussi audacieusement les chorégraphies où pour ce dernier instrument, le son liturgique du clavecin ressemble à celle d'une guitare. Le chant de David Lagos apporte aussi un souffle chaud et profond, avec une émotion à fleur de peau.
Finalement, David Coria s'habille de la même robe que Jann Gallois au milieu de la représentation. Il garde la même gestique qu'avec son veston sans ajouter une quelconque modification à celle-ci comme s'il n'incarnait que son propre personnage avec des costumes qui seraient neutres et transparents. À quoi servent-ils alors ? Les sourires ou rires peuvent fuser dans le public comme s'il fallait saluer cette audace qui n'en est pas une. Mais peu importe à vrai dire, toutes les frontières ont été abolies autant dans la danse que dans la musique avec la rencontre de multiples univers, jusqu'au médiéval, transcendant toutes les différences artistiques et temporelles.
Le solo théâtral du début faisait état du geste parfait. À quoi bon qu'il soit parfait ou non. Les chorégraphies dans toutes leurs grâces n'ont pas eu besoin de cette vue de l'esprit pour être de toute beauté et faire rêver ! En défendant aussi, et en le montrant, un rapport ouvert aux autres et à l'ailleurs dans un monde de plus en plus reclus sur lui-même.
"Imperfecto"
Jann Gallois © Laurent Philippe.
Première mondiale.
Chorégraphie, mise en scène et costumes : Jann Gallois et David Coria.
Avec Jann Gallois et David Coria (danse), David Lagos (chant), Alejandro Rojas (piano et clavicorde) et Daniel Suarez (percussions).
Regard extérieur : Frederic Le Van et Daniel Muñoz Pantiga.
Lumières : Cyril Mulon.
Régie son : Chipi Cacheda.
Production Cie Burnout et Arte Y Movimiento Producciones SL.
Durée : 1 h.
Cinquième biennale d'art flamenco
Organisée en partenariat avec la Biennale de Séville.
Rafaela Carrasco, "Ariadna [al hilo del mito]" (première mondiale) : 3 au 6 février 2022.
Paula Comitre, "Alegoría" : 4 au 6 février 2022.
Florencia Oz/Isidora O'Ryan, "Antípodas" : 10 au 12 février 2022.
Chorégraphie, mise en scène et costumes : Jann Gallois et David Coria.
Avec Jann Gallois et David Coria (danse), David Lagos (chant), Alejandro Rojas (piano et clavicorde) et Daniel Suarez (percussions).
Regard extérieur : Frederic Le Van et Daniel Muñoz Pantiga.
Lumières : Cyril Mulon.
Régie son : Chipi Cacheda.
Production Cie Burnout et Arte Y Movimiento Producciones SL.
Durée : 1 h.
Cinquième biennale d'art flamenco
Organisée en partenariat avec la Biennale de Séville.
Rafaela Carrasco, "Ariadna [al hilo del mito]" (première mondiale) : 3 au 6 février 2022.
Paula Comitre, "Alegoría" : 4 au 6 février 2022.
Florencia Oz/Isidora O'Ryan, "Antípodas" : 10 au 12 février 2022.
David Coria/Jann Gallois, "Imperfecto" (première mondiale) : 11 au 13 février 2022.
Farruquito, "Íntimo" : 16 au 18 février 2022.
Rafael Riqueni, "Nerja" : 16 au 18 février 2022.
David Coria, "Humano : 16 au 18 février 2022.
Chaillot - Théâtre national de la Danse,
Salle Jean Vilar ou Salle Firmin Gémier, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr
Farruquito, "Íntimo" : 16 au 18 février 2022.
Rafael Riqueni, "Nerja" : 16 au 18 février 2022.
David Coria, "Humano : 16 au 18 février 2022.
Chaillot - Théâtre national de la Danse,
Salle Jean Vilar ou Salle Firmin Gémier, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr