Nona Javakhidze, Violeta Urmana, Mario Luperi © Andrea Messana/ONP.
Toute nouvelle production de "La Force du destin" de Giuseppe Verdi, ce géant de la musique et - on le sait moins - député du Risorgimento après Garibaldi.
À nos lecteurs têtes en l’air, nous rappelons que le patronyme même du grand homme servait de cri de ralliement contre l’occupant autrichien au XIXe siècle : s’affichaient sur les murs d’énormes VIVA V.E.R.D.I. (ou "Viva Vittore Emmanuele Rei Dei Italia", pour mémoire revoyez le bijou de Luchino Visconti, "Senso").
Ces considérations ont motivé les choix de la mise en scène de Jean-Claude Auvray (ancien assistant de Margarita Wallmann à l’opéra de Caen, entre autres) qui a décidé de situer l’intrigue dans la période de la révolution italienne, loin du livret de Federico Maria Piave fidèle au XVIIIe siècle du drame dont l’histoire est issue. Soit.
Cependant nous avons vite compris que cette mise en scène ne laisserait pas un souvenir immortel aux spectateurs ! Une production très caravagesque - trop proche de celle de Graham Vick pour un autre Verdi de la saison passée "Don Carlo" - fait flotter une étrange "Fatalita" dans des tableaux en clair-obscur, au décor épuré. Bonne idée, mais déjà prise ! Les personnages ouvrent et ferment des rideaux en chantant : un élément parmi d’autres d’un symbolisme un peu désuet à notre goût.
À nos lecteurs têtes en l’air, nous rappelons que le patronyme même du grand homme servait de cri de ralliement contre l’occupant autrichien au XIXe siècle : s’affichaient sur les murs d’énormes VIVA V.E.R.D.I. (ou "Viva Vittore Emmanuele Rei Dei Italia", pour mémoire revoyez le bijou de Luchino Visconti, "Senso").
Ces considérations ont motivé les choix de la mise en scène de Jean-Claude Auvray (ancien assistant de Margarita Wallmann à l’opéra de Caen, entre autres) qui a décidé de situer l’intrigue dans la période de la révolution italienne, loin du livret de Federico Maria Piave fidèle au XVIIIe siècle du drame dont l’histoire est issue. Soit.
Cependant nous avons vite compris que cette mise en scène ne laisserait pas un souvenir immortel aux spectateurs ! Une production très caravagesque - trop proche de celle de Graham Vick pour un autre Verdi de la saison passée "Don Carlo" - fait flotter une étrange "Fatalita" dans des tableaux en clair-obscur, au décor épuré. Bonne idée, mais déjà prise ! Les personnages ouvrent et ferment des rideaux en chantant : un élément parmi d’autres d’un symbolisme un peu désuet à notre goût.
Nadia Krasteva © Andrea Messana/ONP.
Ce Verdi ne méritait-il pas un traitement plus décapant ?
Inspiré de la pièce du Duc de Rivas, entre histoire d’amour et d’honneur, voici un drame romantique par excellence. Le vieux Marchese di Calatrava meurt accidentellement sous les coups du héros, Don Alvaro, venu enlever son amoureuse (la fille du marquis naturalmente !), Donna Leonora. Pendant trois actes, le triste fils et frère, Don Carlo di Vargas, obsédé par l’idée de venger son sang, veut justement y laver son honneur. Il ne va cesser de chercher, pour les tuer, les deux amants, séparés et ravagés de douleur depuis la fatale nuit.
En attendant, l’immense jeune Chef Philippe Jordan (le fils d’Armin, chef de l’opéra de Genève) fait revivre magnifiquement la "Forza" de cette musique verdienne - et oui nous, wagnériens fanatiques, avons dû nous incliner pour cette fois… À plusieurs reprises, lors de cette belle soirée, nous avons senti l’exaltation que provoque "il grandiozo" verdien, et il ne fut pas rare que le frémissement de notre peau n’annonçât un plaisir puissant.
Inspiré de la pièce du Duc de Rivas, entre histoire d’amour et d’honneur, voici un drame romantique par excellence. Le vieux Marchese di Calatrava meurt accidentellement sous les coups du héros, Don Alvaro, venu enlever son amoureuse (la fille du marquis naturalmente !), Donna Leonora. Pendant trois actes, le triste fils et frère, Don Carlo di Vargas, obsédé par l’idée de venger son sang, veut justement y laver son honneur. Il ne va cesser de chercher, pour les tuer, les deux amants, séparés et ravagés de douleur depuis la fatale nuit.
En attendant, l’immense jeune Chef Philippe Jordan (le fils d’Armin, chef de l’opéra de Genève) fait revivre magnifiquement la "Forza" de cette musique verdienne - et oui nous, wagnériens fanatiques, avons dû nous incliner pour cette fois… À plusieurs reprises, lors de cette belle soirée, nous avons senti l’exaltation que provoque "il grandiozo" verdien, et il ne fut pas rare que le frémissement de notre peau n’annonçât un plaisir puissant.
Nadia Krasteva © Andrea Messana/ONP.
Répétons-le : Philippe Jordan est grand - nous l’avons entendu la saison dernière dans la Tétralogie à Bastille -, il fait que cet excellent orchestre de l’Opéra de Paris se transcende et nous jette dans la frénésie, comme sa musique. Jusqu’à nous mettre en verve avec ce "Rantanplan" d’anthologie au troisième acte, quand le Chef Pierre-Marie Aubert fait ressortir beaucoup de pittoresque dans la direction des chœurs. Cela vous a un petit côté Bizet par moment, mais bon, ne jouons pas les bégueules …
N’ayons garde d’oublier l’inégalable Marcelo Alvarez, dans le rôle du maudit héros fatal et marginal, Don Alvaro. Qui peut mieux que lui actuellement ciseler le "cantabile con espressionne" des arias ? Qui peut mieux que lui porter haut la bravoure du ténor verdien ? Il est admirable que cet homme veuille bien nous rendre visite de son America del Sur, de loin en loin.
N’ayons garde d’oublier l’inégalable Marcelo Alvarez, dans le rôle du maudit héros fatal et marginal, Don Alvaro. Qui peut mieux que lui actuellement ciseler le "cantabile con espressionne" des arias ? Qui peut mieux que lui porter haut la bravoure du ténor verdien ? Il est admirable que cet homme veuille bien nous rendre visite de son America del Sur, de loin en loin.
"La Force du destin"
Nicola Alaimo ©Andrea Messana/ONP.
(Vu le 2 décembre 2011)
Livret : Federico Maria Piave.
Opéra : Giuseppe Verdi, créé le 10 novembre 1862 à Saint-Petersbourg.
Direction musicale : Philippe Jordan.
Mise en scène : Jean-Claude Auvray.
Avec : Mario Luperi (Il Marchese di Calatrava), Violeta Urmana (Donna Leonora), Vladimir Stoyanov (Don Carlo di Vargas), Marcelo Alvarez (20, 26, 29 nov. ; 2, 8, 11 déc.) et Zoran Todorovich (14, 17, 23 nov., 5, 15, 17 déc.) (Don Alvaro), Nadia Krasteva (Preziosilla), Kwangchul Youn (Padre Guardiano), Nicola Alaimo (Fra Melitone), Nona Javakhidze (Curra), Christophe Fel (Un Alcade), Rodolphe Briand (Mastro Trabuco), François Lis (Un Chirurgo).
Orchestre et chœur de l'Opéra national de Paris.
Décors : Alain Chambon.
Costumes : Maria Chiara Donato.
Lumières : Laurent Castaingt.
Livret : Federico Maria Piave.
Opéra : Giuseppe Verdi, créé le 10 novembre 1862 à Saint-Petersbourg.
Direction musicale : Philippe Jordan.
Mise en scène : Jean-Claude Auvray.
Avec : Mario Luperi (Il Marchese di Calatrava), Violeta Urmana (Donna Leonora), Vladimir Stoyanov (Don Carlo di Vargas), Marcelo Alvarez (20, 26, 29 nov. ; 2, 8, 11 déc.) et Zoran Todorovich (14, 17, 23 nov., 5, 15, 17 déc.) (Don Alvaro), Nadia Krasteva (Preziosilla), Kwangchul Youn (Padre Guardiano), Nicola Alaimo (Fra Melitone), Nona Javakhidze (Curra), Christophe Fel (Un Alcade), Rodolphe Briand (Mastro Trabuco), François Lis (Un Chirurgo).
Orchestre et chœur de l'Opéra national de Paris.
Décors : Alain Chambon.
Costumes : Maria Chiara Donato.
Lumières : Laurent Castaingt.
© Andrea Messana/ONP.
Chorégraphie : Terry John Bates.
Chef du Chœur : Patrick Marie Aubert.
Du 14 novembre au 17 décembre 2011.
Opéra Bastille, Paris 12e, 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute).
Durée 3 h 40 (avec les entractes).
>> operadeparis.fr
Chef du Chœur : Patrick Marie Aubert.
Du 14 novembre au 17 décembre 2011.
Opéra Bastille, Paris 12e, 08 92 89 90 90 (0,34€ la minute).
Durée 3 h 40 (avec les entractes).
>> operadeparis.fr