© Simon Gosselin.
La scène laisse découvrir des échafaudages. Au centre, deux maçons en train de tailler et de monter des pierres pour la construction d'une maison. Celle d'un Israélien en lieu et place de celle d'un Palestinien qui est Mahmoud Dajani. C'est toute la trame de cette œuvre à laquelle Amos Gitaï donne une visibilité, à la fois lucide et souvent teintée d'émotions, de chaque personnage.
Ces échafaudages se transforment au fil du spectacle en refuges pour les comédiens et les musiciens qui y prennent place ou ils les utilisent en tapant en rythme sur les barreaux lors d'un moment de percussions effectué pendant quelques minutes par l'ensemble des interprètes. Cela génère un rythme très soutenu unissant dans un même élan tout le groupe.
La pièce, mise en scène par Amos Gitaï, est tirée de ses trois documentaires, "House", le premier, puis "House in Jerusalem" et "News from Home/News from House". Le biais pris par le réalisateur et metteur en scène est de confronter deux visions du monde d'un même élément, celle d'une maison. Elle représente ce qui nous rattache à un quartier, une ville, une culture, une histoire, un pays. Et une famille.
Ces échafaudages se transforment au fil du spectacle en refuges pour les comédiens et les musiciens qui y prennent place ou ils les utilisent en tapant en rythme sur les barreaux lors d'un moment de percussions effectué pendant quelques minutes par l'ensemble des interprètes. Cela génère un rythme très soutenu unissant dans un même élan tout le groupe.
La pièce, mise en scène par Amos Gitaï, est tirée de ses trois documentaires, "House", le premier, puis "House in Jerusalem" et "News from Home/News from House". Le biais pris par le réalisateur et metteur en scène est de confronter deux visions du monde d'un même élément, celle d'une maison. Elle représente ce qui nous rattache à un quartier, une ville, une culture, une histoire, un pays. Et une famille.
© Simon Gosselin.
C'est dans un foyer que se noue, se crée, se vit la cellule familiale. Là où retentissent les cris des bébés, les chamailleries des enfants, des adolescents, de l'amour et des disputes des parents. Là où s'ouvrent à la vie l'espoir d'un futur et les promesses de l'aube. C'est aussi sur ce foyer que deux visions se confrontent, celle d'une expropriation et celle d'une lutte résignée, car désespérée.
Amos Gitaï rappelle, dans cette création, la "Loi sur la propriété des absents" (1950) qui ne s'applique qu'aux Palestiniens. Elle accorde à l'État d'Israël le pouvoir de confisquer et de saisir à ceux-ci leurs propriétés et leurs biens qu'ils ont été forcés de laisser derrière eux en 1948, après leur exorde forcé, lors de la création de ce pays. Cette loi s'applique jusqu'à encore aujourd'hui uniquement pour tout Arabe de nationalité israélienne.
La pièce est racontée au travers de récits personnels, dramatiques et cruels pour les Palestiniens et conflictuels pour les Israéliens. Sans que cela s'exprime avec une violence verbale ou physique. Une seule fois, le ton monte et rapidement redescend. Peu de faits historiques énoncés, à l'exception du massacre de Deir Yassin contre les Palestiniens qui a eu lieu le 9 avril 1948. Ce qui fait Histoire dans la fable est ce qui est dit par les protagonistes au travers de leur périple, voyage, déplacement ou tragédie.
Amos Gitaï rappelle, dans cette création, la "Loi sur la propriété des absents" (1950) qui ne s'applique qu'aux Palestiniens. Elle accorde à l'État d'Israël le pouvoir de confisquer et de saisir à ceux-ci leurs propriétés et leurs biens qu'ils ont été forcés de laisser derrière eux en 1948, après leur exorde forcé, lors de la création de ce pays. Cette loi s'applique jusqu'à encore aujourd'hui uniquement pour tout Arabe de nationalité israélienne.
La pièce est racontée au travers de récits personnels, dramatiques et cruels pour les Palestiniens et conflictuels pour les Israéliens. Sans que cela s'exprime avec une violence verbale ou physique. Une seule fois, le ton monte et rapidement redescend. Peu de faits historiques énoncés, à l'exception du massacre de Deir Yassin contre les Palestiniens qui a eu lieu le 9 avril 1948. Ce qui fait Histoire dans la fable est ce qui est dit par les protagonistes au travers de leur périple, voyage, déplacement ou tragédie.
© Simon Gosselin.
Derrière ceux-ci, il y a une trame de lucidité, de raison, parfois de recul. Ou de colère et d'émotion. Ou encore de résignation combative. Tout se mêle dans une vaste gamme d'émotions tenue par la nostalgie des uns, la tragédie des autres. Le verbe fait autorité quand le travail manuel, celui de tailler et monter des pierres, fait résignation. Ce sont ses deux versants qui montrent, métaphoriquement, un pays qui s'étend et se construit, malgré eux, par le travail de ceux qui en sont dépossédés.
Chaque protagoniste se présente en racontant un bout de sa vie, toujours à l'origine d'un exode voulu ou forcé. L'une vient de Suède, a vécu en Turquie, l'autre d'Algérie. Ou d'Israël depuis 23 ans. Ou d'ailleurs. Et hypothétiquement des territoires occupés pour les maçons palestiniens, si expulsés de leurs demeures. Les scènes se déroulent à Jérusalem Ouest. La Shoah fait aussi son apparition dans un propos d'un des protagonistes Hiérosolymitains pour rappeler le génocide subi par les Juifs, ou pour rappeler que les Arabes n'en sont pas responsables.
L'œuvre est équilibrée, salvatrice par rapport à une situation qui se nourrit actuellement d'un extrémisme politique et religieux exacerbé comme tout extrémisme. Elle donne la parole aux deux parties. Ils ne se parlent pas, sauf une seule fois. Ils sont séparés physiquement par un travail et un rapport social, celui d'être manœuvres ou propriétaires. Dominés et dominants. C'est un regard croisé entre l'occupant et l'occupé, le colon et le colonisé, l'oppresseur et l'opprimé.
Chaque protagoniste se présente en racontant un bout de sa vie, toujours à l'origine d'un exode voulu ou forcé. L'une vient de Suède, a vécu en Turquie, l'autre d'Algérie. Ou d'Israël depuis 23 ans. Ou d'ailleurs. Et hypothétiquement des territoires occupés pour les maçons palestiniens, si expulsés de leurs demeures. Les scènes se déroulent à Jérusalem Ouest. La Shoah fait aussi son apparition dans un propos d'un des protagonistes Hiérosolymitains pour rappeler le génocide subi par les Juifs, ou pour rappeler que les Arabes n'en sont pas responsables.
L'œuvre est équilibrée, salvatrice par rapport à une situation qui se nourrit actuellement d'un extrémisme politique et religieux exacerbé comme tout extrémisme. Elle donne la parole aux deux parties. Ils ne se parlent pas, sauf une seule fois. Ils sont séparés physiquement par un travail et un rapport social, celui d'être manœuvres ou propriétaires. Dominés et dominants. C'est un regard croisé entre l'occupant et l'occupé, le colon et le colonisé, l'oppresseur et l'opprimé.
© Simon Gosselin.
La parole est à la modération, juste équilibre entre des parties qui peuvent difficilement cohabiter, la colonisation n'étant que violence, physique et moral, et mépris. Un focus est fait sur ce qui alimente une haine chez les colonisés au travers des domiciles. Ceux-ci concernent la démolition des maisons des Palestiniens, des refus de permis de construire et de la mise en place de colonies, dont des rapporteurs des Nations Unis en 2023 souhaitent qu'Israël en soit tenu responsable.
La représentation est entrecoupée de chants, apportant une rupture dans le jeu et surtout un élan, une fraîcheur à la représentation, permettant de la dénouer de son tragique. Le récit est ainsi rythmé par deux chants en chœur dont une fois par tous les interprètes.
Le jeu se décline par le biais de quatre approches, la première est émotionnelle et dans le narratif, la deuxième dans le chant, la troisième dans la musique, la quatrième dans le dialogue entre voisins ou dans une dispute franche entre les maçons et les propriétaires. Beaucoup de propos sont tenus en solo. Rares sont les échanges entre les protagonistes, montrant ainsi des univers séparés, chacun avec son histoire, ses drames et ses tragédies, son amour du pays en destruction pour les uns ou (re)trouvé pour les autres, les deux faces d'une même pièce qui ne se regardent pas.
La représentation est entrecoupée de chants, apportant une rupture dans le jeu et surtout un élan, une fraîcheur à la représentation, permettant de la dénouer de son tragique. Le récit est ainsi rythmé par deux chants en chœur dont une fois par tous les interprètes.
Le jeu se décline par le biais de quatre approches, la première est émotionnelle et dans le narratif, la deuxième dans le chant, la troisième dans la musique, la quatrième dans le dialogue entre voisins ou dans une dispute franche entre les maçons et les propriétaires. Beaucoup de propos sont tenus en solo. Rares sont les échanges entre les protagonistes, montrant ainsi des univers séparés, chacun avec son histoire, ses drames et ses tragédies, son amour du pays en destruction pour les uns ou (re)trouvé pour les autres, les deux faces d'une même pièce qui ne se regardent pas.
© Simon Gosselin.
Lors du seul changement de décor, un rideau transparent descend avec un texte écrit dessus qui posent des questions sur les à-côtés de grands moments historiques du monde, sur les coulisses de l'Histoire nous interpellant pour ne pas nous arrêter uniquement à la face visible de celle-ci. Mais de déporter son regard sur les aspects cachés, ignorés ou tus dans les actualités. La question de la haine est posée aussi lors d'une discussion un peu violente un moment entre l'un des Israéliens et l'un des deux Palestiniens où celui-ci lance "pourquoi êtes-vous toujours surpris que nous puissions avoir de la haine ?". Pas de réponse apportée. Moment de lucidité permettant de faire prendre conscience d'un côté du ressenti de l'autre côté. Comme pour cette Hiérosolymitaine venue de Suède et expliquant qu'elle ne peut pas refaire l'Histoire, qu'elle ne veut pas la refaire, mais qu'il faudrait pourtant la corriger.
Le spectacle est en anglais, arabe, français, hébreu, yiddish et surtitré en anglais et en français. Dans ces temps durs et mêlés, la voix d'Amos Gitaï est une vraie respiration. "Mon travail est un geste civique" comme il le rappelle. "House" avait été interdit en Israël à sa sortie. De son approche militante, critique de son propre pays, cette œuvre est aussi une espérance incarnée dans cette maison qui se construit, à l'élaboration d'une cohabitation dans un même espace entre deux peuples qui se combattent. Quand les politiques tablent sur le racisme, le mépris et l'exclusion, c'est aux rêves et à la création artistique de bousculer les impossibles. Avec les citoyens !
Le spectacle est en anglais, arabe, français, hébreu, yiddish et surtitré en anglais et en français. Dans ces temps durs et mêlés, la voix d'Amos Gitaï est une vraie respiration. "Mon travail est un geste civique" comme il le rappelle. "House" avait été interdit en Israël à sa sortie. De son approche militante, critique de son propre pays, cette œuvre est aussi une espérance incarnée dans cette maison qui se construit, à l'élaboration d'une cohabitation dans un même espace entre deux peuples qui se combattent. Quand les politiques tablent sur le racisme, le mépris et l'exclusion, c'est aux rêves et à la création artistique de bousculer les impossibles. Avec les citoyens !
"House"
© Simon Gosselin.
Spectacle en anglais, arabe, français, hébreu, yiddish, surtitré en anglais et en français.
Tirée de la trilogie "La Maison", "Une maison à Jérusalem" et "News from Home News from House" de Amos Gitaï
Texte et mise en scène : Amos Gitaï.
Adaptation texte : Marie-José Sanselme et Rivka Gitaï.
Assistantes à la mise en scène : Talia de Vries et Anat Golan.
Avec : Bahira Ablassi, Dima Bawab, Benedict Flinn, Irène Jacob, Alexey Kochetkov, Micha Lescot, Pini Mittelman, Kioomars Musayyebi, Menashe Noy, Laurence Pouderoux en alternance avec Riselène Pince, Minas Qarawany, Atallah Tannous, Richard Wilberforce.
Scénographie : Amos Gitaï, assisté de Philippine Ordinaire.
Costumes : Marie La Rocca, assistée d'Isabelle Flosi.
Lumières : Jean Kalman.
Son : Éric Neveux.
Chef de cœur : Richard Wilberforce.
Collaboration vidéo : Laurent Truchot
Maquillage et coiffures : Cécile Kretschmar.
Préparation et régie surtitres : Katharina Bader.
Construction du décor : atelier de La Colline - théâtre national.
Durée : 2 h 20.
Tirée de la trilogie "La Maison", "Une maison à Jérusalem" et "News from Home News from House" de Amos Gitaï
Texte et mise en scène : Amos Gitaï.
Adaptation texte : Marie-José Sanselme et Rivka Gitaï.
Assistantes à la mise en scène : Talia de Vries et Anat Golan.
Avec : Bahira Ablassi, Dima Bawab, Benedict Flinn, Irène Jacob, Alexey Kochetkov, Micha Lescot, Pini Mittelman, Kioomars Musayyebi, Menashe Noy, Laurence Pouderoux en alternance avec Riselène Pince, Minas Qarawany, Atallah Tannous, Richard Wilberforce.
Scénographie : Amos Gitaï, assisté de Philippine Ordinaire.
Costumes : Marie La Rocca, assistée d'Isabelle Flosi.
Lumières : Jean Kalman.
Son : Éric Neveux.
Chef de cœur : Richard Wilberforce.
Collaboration vidéo : Laurent Truchot
Maquillage et coiffures : Cécile Kretschmar.
Préparation et régie surtitres : Katharina Bader.
Construction du décor : atelier de La Colline - théâtre national.
Durée : 2 h 20.
© Simon Gosselin.
Du 14 mars au 13 avril 2023.
Du mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Relâche le dimanche 19 mars.
La Colline - Théâtre National, Grand Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
>> colline.fr 14 mars au 13 avril 2023.
Du mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Relâche le dimanche 19 mars.
La Colline - Théâtre National, Grand Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
>> colline.fr
Du mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
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Relâche le dimanche 19 mars.
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