Danse

"Hip-hop 360 show" Plongée dans un univers aux dimensions riches et variées !

C'est une totale immersion dans le monde du Hip-hop de la fin des années soixante-dix jusqu'à nos jours auquel nous convie la metteuse en scène Leïla Sy. Les multiples aspects de cet univers artistique sont montrés autant dans sa trame dansée que sportive avec toutefois un manque de souffle dans les transitions entre les séquences.



© Thomas Amouroux.
Place à un grand plateau sur lequel les gradins du public sont montés directement dessus côtés cour et jardin, et en arrière-scène. Nous voilà plongés dans le contexte de ce qui a fait les battles, dès le début des années quatre-vingt où, accompagnés d'un jury de quatre-cinq personnes, deux artistes concouraient entre eux. Le contexte scénique est posé sans jury toutefois.

Le spectacle est construit autour de trois actes dans une rétrospective, en appui de musiques off, qui se déroule respectivement dans les années soixante-dix pour le premier acte chorégraphié par Xavier Plutus avec l'émergence du hip-hop. Le deuxième, chorégraphié par Saïdo Lehlouh, se situe dans le boom des années quatre-vingt-dix deux mille et le troisième acte, chorégraphié par Marion Morin, est une plongée jusqu'à nos jours avec la mondialisation des danses urbaines et l'utilisation des réseaux sociaux.

La vidéo est très utilisée et est projetée sur de longs et grands panneaux. Elle apporte de la profondeur scénique. Elle sait se faire aussi l'écho de ce qui se joue directement sur le plateau via Redha Medjellekh donnant lieu à une double focale où le public peut voir simultanément en chair et en os, et en images sous un autre angle, les artistes.

© Thomas Amouroux.
On y re-découvre des musiques et une séquence du film "La Haine" (1995) avec la célèbre séquence en voix off qui se répète "C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de cinquante étages. À chaque étage, il se répète : "jusqu'ici, tout va bien" ; "jusqu'ici, tout va bien" ; "jusqu'ici, tout va bien"… Mais l'important, ce n'est pas la chute : c'est l'atterrissage".

Ce sont aussi d'autres champs artistiques qui viennent se greffer comme le BMX avec des vélos en freestyle pour quelques figures acrobatiques et aussi une parade de vélos construits de chaînes et de câbles torsadés ayant, avec leur socle, un style Harley Davidson. Le freestyle ball est aussi de la partie avec Andreas Cetkovic, Jesus-Blackeye et Storm faisant quelques figures acrobatiques, ballon au pied, les corps pliés en appui des bras.

Les rollers dance apparaissent par intermittence avec Laurence Sabas, Mohammed Ech-CHarquaouy "Shaga" et Salomon Asaro. Dans le domaine sportif, les traceurs de Parkour, Andy Mouigni-Abdou, Nabil Hadim, Yasmine Ouadi et Sando Eruot, font des déplacements et sauts en hauteur. C'est aussi la chanson qui prend le lead à trois reprises.

© Thomas Amouroux.
La disposition des éléments scéniques manque à un moment de mise en perspective, car trois scènes sont montées en hauteur, côtés cour et jardin, et en arrière-scène, cachant certaines chorégraphies pour les spectateurs se trouvant a minima sur le plateau côté cour.

Il y a de très beaux tableaux dont celui effectué avec des portés uniquement au niveau des bras de Haiper où, durant plusieurs minutes, il arrive à ne pas faire toucher au sol toute autre partie de son corps, exécutant des figures uniquement en appui de ses membres supérieurs. Ce qui est étonnant est qu'il soit handicapé des jambes. Il prouve ainsi de façon éclatante qu'être handicapé ne se marie pas forcément avec handicap.

De leur côté, à tour de rôle ou ensemble, Chris Fargeot, CJM's, Kévin Waël, Marlone Alvarez, Sarah NH, Sophie May et Zakaria Benyahya "Taz" enchaînent mouvements et gestes, parfois Breakdance, avec les corps tournoyant au sol ou à mi-hauteur, en équilibre des bras, des membres inférieurs, du tronc et de la tête. Les allures sont vives, toujours courbes et ondulées. Tension et grâce alternent systématiquement. Plus loin, le double dutch, sport de saut à la corde, fait son apparition avec Jennifer Desmosthenes, Jonathan Mahoto et Lamia Barka.

La mise en scène de Leïla Sy pêche dans les moments de transition entre chaque séquence où des temps faibles cassent souvent la dynamique du spectacle. Le regard du public est aussi un peu trop guidé parfois, comme lorsqu'un focus est fait sur un danseur par le groupe qui l'accompagne sans effectuer de gestuelles particulières, alors que tous ensemble, la densité artistique aurait pu être de plus grande intensité.

Leyla Sy a toutefois le mérite de mélanger les arts entre eux, sans se cantonner aux danses urbaines, nous montrant ainsi les différentes palettes d'un univers riche de son histoire, de ses créations et de ses influences. Cela donne à la représentation des rythmes très variés la faisant basculer dans une kyrielle d'atmosphères. Le tout finit dans une très belle ambiance avec le public invité à rejoindre les artistes, gommant leur séparation inhérente au monde de l'Art.
◙ Safidin Alouache

"Hip-hop 360 show"

© Thomas Amouroux.
Auteur et direction artistique : François Gautret.
Mise en scène : Leïla Sy.
Chorégraphie : Xavier Plutus, Saïdo Lehlouh et Marion Motin.
Scénographie : Julien Mairesse.
Lumières : Victorien Cayzeele
Création musicale : Niko Noki, Gloria Colston, DJ Fly et 22Nesto.
Direction musicale : Niko Noki.
Arrangements : Benjamin Farley.
Guitare : Franck Hédin.
Mixage : Zak.
Création médias : Studio Cutback.
Stylisme : Rachèle Raoult et Julien Boudet.
Assistante stylisme : Léa Boublil.
Coordination artistique : Hayette Gautret et Pénélope Richard.
DJ : DJ Cut Killer, DJ Fly, DJ Glo, Arthur Baker.
Avec la participation de Lirose, Juste Shani, Ossem, Turtle White, Saturnz, Nanor et Reyd de "Rappeuses En Liberté".
Danse : Chris Fargeot, Cjm's, Haiper, Junior Bosila Banya, Kévin Waël, Marlone Alvarez, Sarah Nh, Sophie May, Zakaria Benyahya "Taz"
Roller : Laurence Sabas, Mohammed Ech-Charquaouy "Shaga", Salomon Asaro.

© Thomas Amouroux.
BMX : Alain Massabova, Anatole Rahain, Matthias Dandois.
Parkour : Andy Mouigni-Abdou, Nabil Hadim, Yasmine Ouadi, Sando Eruot.
Double Dutch : Jennifer Desmosthenes, Jonathan Mahoto, Lamia Barka.
Freestyle Ball : Andreas Cetkovic, Jesus-Blackeye, Storm.
Graffiti : Jayone, Noetwo, Carlos Mare.
Durée : 1 h 30.

Du 4 au 21 juillet 2024.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Théâtre du Châtelet, Grande Salle, Paris 1er, 01 40 28 28 40.
>> chatelet.com

Safidin Alouache
Lundi 8 Juillet 2024
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