© Mathieu Morelle.
Lumières sur un plateau sombre composé d'une table et d'un bocal de bonbons. Apparaît une jeune femme (Aliénor de la Gorce) dont une forte luminosité sur son visage fait apparaître des traits tirés. La voix est grave, profonde, comme marquée par les années et un drame. Autour de cette table, il y a une chaise et un ordinateur portable appartenant à un homme (Frédéric Andrau) dont nous ignorons tout de son état civil. La scène est baignée d'une lueur tamisée et les rares autres lumières sont celles de l'écran de l'ordinateur et de ces bonbons aux couleurs vives.
Les rapports entre l'homme et la femme sont à la fois proches et distants. Proche dans le soutien et la narration des faits qu'en donne parfois l'homme ; et distant physiquement, les deux protagonistes ne se touchant pas, sauf à un seul moment, et ne se regardant pas. L'homme est parfois devant son ordinateur portable où il lit et regarde des photos exposées aussi en arrière scène. Il est l'écrivain qui écrit un livre sur celle présente à côté de lui, Geli.
De son véritable nom, Angela Maria Raubal (1904-1931), elle est la nièce d'Adolf Hitler (1889-1945). Morte à 23 ans, amoureuse d'un homme qui était son oncle et qui allait devenir Führer en 1933, elle a vécu dans son ombre dont sa folie haineuse, raciste et antisémite allait causer 64 millions de morts selon le nombre lugubre avancé un moment dans la représentation. Elle serait possiblement l'une des premières victimes de cette folie macabre d'après l'homme. Sa présence est discrète, silencieuse, avec quelques interventions dont une où il fait quelques pas de danse légèrement esquissés avec elle. Seul bémol à la représentation, ce tableau est un peu étrange, car l'objectivité d'un auteur doit nécessairement passer par une distance mise au personnage qu'il étudie.
Les rapports entre l'homme et la femme sont à la fois proches et distants. Proche dans le soutien et la narration des faits qu'en donne parfois l'homme ; et distant physiquement, les deux protagonistes ne se touchant pas, sauf à un seul moment, et ne se regardant pas. L'homme est parfois devant son ordinateur portable où il lit et regarde des photos exposées aussi en arrière scène. Il est l'écrivain qui écrit un livre sur celle présente à côté de lui, Geli.
De son véritable nom, Angela Maria Raubal (1904-1931), elle est la nièce d'Adolf Hitler (1889-1945). Morte à 23 ans, amoureuse d'un homme qui était son oncle et qui allait devenir Führer en 1933, elle a vécu dans son ombre dont sa folie haineuse, raciste et antisémite allait causer 64 millions de morts selon le nombre lugubre avancé un moment dans la représentation. Elle serait possiblement l'une des premières victimes de cette folie macabre d'après l'homme. Sa présence est discrète, silencieuse, avec quelques interventions dont une où il fait quelques pas de danse légèrement esquissés avec elle. Seul bémol à la représentation, ce tableau est un peu étrange, car l'objectivité d'un auteur doit nécessairement passer par une distance mise au personnage qu'il étudie.
© Mathieu Morelle.
De 1925 jusqu'à sa mort le 18 septembre 1931, elle a habité dans l'appartement d'Hitler et fut retrouvée morte d'une balle dans le poumon avec le pistolet appartenant au futur Führer. Les causes de sa mort restent toujours un mystère. À l'époque, avait été conclu un meurtre, possiblement dicté par un contexte social et politique, Hitler étant depuis plusieurs années une figure marquante et montante de la scène nationale allemande. Elle se serait aussi suicidée par jalousie pour d'autres, car elle aurait découvert une lettre d'Eva Braun (1912-1945), maîtresse puis épouse le dernier jour d'Hitler, dans le manteau de celui-ci. On sait peu de choses des relations de Geli avec son oncle. Différentes hypothèses circulent, comme celle du célèbre historien britannique du IIIe Reich, Ian Kershaw, qui parle d'une dépendance sexuelle importante, consommée ou non, d'Hitler vis-à-vis de sa nièce.
Toutes ses hypothèses sont présentées pendant la représentation sans qu'un avis soit tranché pour l'une ou l'autre de ces hypothèses. Nous sommes ainsi avec un écrivain face au personnage qu'il étudie, mais déjà civilement morte. Le rapport entre les deux est entremêlé d'une liberté d'approche et de ton que réalise avec doigté le dramaturge et metteur en scène Diastème. Geli se questionne elle-même sur sa propre mort et les événements qui y ont possiblement concouru. Elle incarne autant sa position que celle d'un historien en recherche de la vérité. Dans cette approche autant objective que subjective, Diastème donne alternativement la parole à la victime de ce drame comme à celui qui y travaille dessus. Les deux se font écho de leurs doutes respectifs face à une vérité qui leur échappe.
Toutes ses hypothèses sont présentées pendant la représentation sans qu'un avis soit tranché pour l'une ou l'autre de ces hypothèses. Nous sommes ainsi avec un écrivain face au personnage qu'il étudie, mais déjà civilement morte. Le rapport entre les deux est entremêlé d'une liberté d'approche et de ton que réalise avec doigté le dramaturge et metteur en scène Diastème. Geli se questionne elle-même sur sa propre mort et les événements qui y ont possiblement concouru. Elle incarne autant sa position que celle d'un historien en recherche de la vérité. Dans cette approche autant objective que subjective, Diastème donne alternativement la parole à la victime de ce drame comme à celui qui y travaille dessus. Les deux se font écho de leurs doutes respectifs face à une vérité qui leur échappe.
© Mathieu Morelle.
Trois axes de temps s'échelonnent avec, en toile de fond, donc des interrogations sur la mort de Geli. L'attitude et les propos de celle-ci oscillent entre un destin indélébile marqué au fer rouge d'événements qui ne peuvent être réécrits et une présence scénique qui établit, dans un positionnement futur à ces mêmes événements passés, une réécriture hypothétique de ce qui a pu se passer. Entre le devoir de l'historien et celui du chercheur qui en découle, la pièce mélange ces deux genres, apportant un intérêt croisé entre la re-découverte d'une personne dont Hitler a déclaré qu'elle restera son grand amour et la vie intime et cachée d'un dictateur dont l'identité sexuelle, comme pour tout tyran, reste un grand cas d'études psychanalytiques.
Il y a peu de déplacements scéniques et ceux qui le sont tournent essentiellement autour du bureau de notre auteur, symbolisant un chemin historique peu avancé sur le cas Geli.
Toutes les répliques sont corsetées par du silence comme porteuses d'une tragédie. Car on le sait. Il n'est pas là, mais le Führer qui apparaît dans les propos de nos personnages donne un intérêt lugubre, historique et tragique à ce qui est raconté. La mort rôde dans la couleur obscure de la scénographie, dans les phrases qui sont dites dans une allure de gravité, comme des copeaux de bois qui flottent dans un courant qui les mène de façon à la fois détachée et inexorable dans la même direction, celle d'un rocher dans lequel ils viendraient se briser.
Les mots sortent à pas lents comme baromètre d'un amour lourd de ses secrets. Geli ne sourit pas. La voix profonde, les traits tirés, elle est dans la nostalgie et le souvenir d'un passé qui ne passe pas. On ignore autant le lieu et l'échelle du temps où se déroulent les scènes. La seule indication est qu'elle est déjà morte, symbolisant une époque qui l'était tout autant dans sa furie dévastatrice de fanatisme. Une très belle pièce.
Il y a peu de déplacements scéniques et ceux qui le sont tournent essentiellement autour du bureau de notre auteur, symbolisant un chemin historique peu avancé sur le cas Geli.
Toutes les répliques sont corsetées par du silence comme porteuses d'une tragédie. Car on le sait. Il n'est pas là, mais le Führer qui apparaît dans les propos de nos personnages donne un intérêt lugubre, historique et tragique à ce qui est raconté. La mort rôde dans la couleur obscure de la scénographie, dans les phrases qui sont dites dans une allure de gravité, comme des copeaux de bois qui flottent dans un courant qui les mène de façon à la fois détachée et inexorable dans la même direction, celle d'un rocher dans lequel ils viendraient se briser.
Les mots sortent à pas lents comme baromètre d'un amour lourd de ses secrets. Geli ne sourit pas. La voix profonde, les traits tirés, elle est dans la nostalgie et le souvenir d'un passé qui ne passe pas. On ignore autant le lieu et l'échelle du temps où se déroulent les scènes. La seule indication est qu'elle est déjà morte, symbolisant une époque qui l'était tout autant dans sa furie dévastatrice de fanatisme. Une très belle pièce.
"Geli"
© Mathieu Morelle.
Texte : Diastème.
Mise en scène : Diastème.
Avec Frédéric Andrau et Aliénor de la Gorce.
Lumières : Stéphane Baquet.
Musique : Mathieu Morelle.
Production : Mine de prod.
Spectacle créé au Théâtre du Chêne Noir à Avignon.
Durée : 1 h 10.
Du 26 novembre 2023 au 16 janvier 2024.
Lundi, mardi, mercredi à 21 h et dimanche à 20 h.
Manufacture des Abbesses, Paris 18e, 01 42 33 42 03.
>> manufacturedesabbesses.com
Mise en scène : Diastème.
Avec Frédéric Andrau et Aliénor de la Gorce.
Lumières : Stéphane Baquet.
Musique : Mathieu Morelle.
Production : Mine de prod.
Spectacle créé au Théâtre du Chêne Noir à Avignon.
Durée : 1 h 10.
Du 26 novembre 2023 au 16 janvier 2024.
Lundi, mardi, mercredi à 21 h et dimanche à 20 h.
Manufacture des Abbesses, Paris 18e, 01 42 33 42 03.
>> manufacturedesabbesses.com