Gabriel Pierné et Louis Vierne, ces deux représentants de l’École Française du tournant des XIXe et XXe siècles sont rarement donnés seuls au concert ou au disque (à notre connaissance). Associés le plus souvent à leur maître César Franck (pour ces enfants du post-wagnérisme), aux Debussy et autre Ravel (qu'annonce Pierné), leurs sonates pour violon et piano se voient ici complétées par deux courtes pièces de Gabriel Fauré "Les Berceaux" (une des "Trois mélodies" opus 23) et la "Romance" opus 28. Fauré, cet élève de Saint-Saëns, illustrant ici la voie post-romantique de la composition française. Voilà un des grands intérêts de cet enregistrement.
Ce n'est pas le seul. Pour ces chefs-d'œuvre de l'époque Art Déco (l'opus 36 de Pierné est créée par Jacques Thibaud et Lucien Wurmser en 1901) à l'esthétique impressionniste (l'opus 23 de Vierne est créée en 1908 par E. Isaÿe et Raoul Pugno), les compositeurs synthétisent l'art de la sonate hérité de leurs prédécesseurs mais approfondissent aussi les formules d'une modernité annoncée par leur maître dès 1886 avec son travail sur le chromatisme. Tonalité instable, modulations constantes, poésie nocturne et effets pittoresques dans la verve légère, une sensibilité musicale exceptionnelle se donne à entendre dans ces deux œuvres assez redoutables d'exécution.
Ce n'est pas le seul. Pour ces chefs-d'œuvre de l'époque Art Déco (l'opus 36 de Pierné est créée par Jacques Thibaud et Lucien Wurmser en 1901) à l'esthétique impressionniste (l'opus 23 de Vierne est créée en 1908 par E. Isaÿe et Raoul Pugno), les compositeurs synthétisent l'art de la sonate hérité de leurs prédécesseurs mais approfondissent aussi les formules d'une modernité annoncée par leur maître dès 1886 avec son travail sur le chromatisme. Tonalité instable, modulations constantes, poésie nocturne et effets pittoresques dans la verve légère, une sensibilité musicale exceptionnelle se donne à entendre dans ces deux œuvres assez redoutables d'exécution.
Elsa Grether et François Dumont nous en livrent avec un bonheur contagieux une version enchanteresse. L'équilibre d'exécution entre le violon et le piano comme la complicité entre les deux artistes exaltent avec un sentiment rare la nature profondément lyrique de ces œuvres avec une virtuosité jamais vaine. Fluidité du piano, délicatesse et fougue du violon, jeunesse et fraîcheur, tout sert l'art subtil de deux maîtres de l'écriture harmonique et de la mélodie. Elsa Grether a répondu à nos questions sur la genèse de ce projet.
Christine Ducq - Avec ce CD consacré à Pierné et Vierne, vous nous livrez un programme très proustien, pourrait-on dire.
Elsa Grether - Oui ! J'adore depuis toujours la musique française et je suis constamment à la recherche d'œuvres méconnues. Je suis tombée par hasard sur le deuxième mouvement de la sonate de Louis Vierne et j'ai eu un coup de foudre ! Je me suis mise en quête aussitôt de l'œuvre entière. J'avais déjà joué celle de Gabriel Pierné et je pensais depuis longtemps à l'enregistrer. J'ai trouvé qu'elles allaient remarquablement bien ensemble (1).
Et vous choisissez enfin deux pièces de Gabriel Fauré pour montrer deux tendances de l’École Française ?
Elsa Grether - Tout à fait. Elles sont plus facilement abordables peut-être pour le public - et tellement magnifiques ! D'ailleurs la "Romance" et "Les Berceaux" ne sont guère plus joués que les sonates. Tout l'art de Fauré y est pourtant présent avec cette grande densité émotionnelle. Fauré apporte une fraîcheur au programme, après la sonate de Vierne qui est si intense.
Christine Ducq - Avec ce CD consacré à Pierné et Vierne, vous nous livrez un programme très proustien, pourrait-on dire.
Elsa Grether - Oui ! J'adore depuis toujours la musique française et je suis constamment à la recherche d'œuvres méconnues. Je suis tombée par hasard sur le deuxième mouvement de la sonate de Louis Vierne et j'ai eu un coup de foudre ! Je me suis mise en quête aussitôt de l'œuvre entière. J'avais déjà joué celle de Gabriel Pierné et je pensais depuis longtemps à l'enregistrer. J'ai trouvé qu'elles allaient remarquablement bien ensemble (1).
Et vous choisissez enfin deux pièces de Gabriel Fauré pour montrer deux tendances de l’École Française ?
Elsa Grether - Tout à fait. Elles sont plus facilement abordables peut-être pour le public - et tellement magnifiques ! D'ailleurs la "Romance" et "Les Berceaux" ne sont guère plus joués que les sonates. Tout l'art de Fauré y est pourtant présent avec cette grande densité émotionnelle. Fauré apporte une fraîcheur au programme, après la sonate de Vierne qui est si intense.
Comment est née cette complicité avec le pianiste François Dumont ?
Elsa Grether - Nous avions déjà interprété ensemble des programmes de musique de chambre. J'aime beaucoup son jeu et je le voyais bien dans ce répertoire. Nous avons essayé de respecter au maximum l'intention des compositeurs et nous avons dû faire des compromis pour certains tempi.
Comme nous nous entendons très bien, nous nous sommes beaucoup parlés et écoutés. La difficulté étant de trouver une bonne balance entre les deux instruments tout en conservant une réelle spontanéité. Nous avons mis deux ans à réaliser ce projet.
J'espère que nous aurons l'occasion de redonner ce programme en concert tel quel - ou associé à d'autres œuvres. Malheureusement beaucoup de programmateurs nous ont signifié qu'ils le trouvaient trop hermétique. Ce n'est pas mon sentiment, naturellement. Il faut vraiment se battre !
Du fait de votre parcours (2), hors des sentiers battus, pensez-vous avoir un jeu atypique ?
Elsa Grether - Je ne suis pas la meilleure placée pour juger mon jeu mais il est vrai que j'ai bénéficié de nombreuses influences. C'est une richesse. Trois ou quatre professeurs ont vraiment compté pour moi et j'apprends encore d'eux des années après les avoir quittés. Il faut de toute façon fournir un vrai travail pour trouver sa propre voix. Quand je prépare une œuvre, j'écoute beaucoup d ‘enregistrements au début. Puis je fais le vide afin de trouver mon propre chemin.
(1) C'est déjà en faisant ce type de recherche qu'Elsa Grether a conçu son premier CD "Poème mystique" avec Ferenc Vizi consacré à Ernest Bloch et Arvo Pärt.
(2) Premier prix de violon décerné à l'unanimité le jour de ses quinze ans au CRR de Paris, Elsa Grether a poursuivi sa formation au Mozarteum de Salzbourg avec R. Ricci, à l'université d'Indiania avec M. Fucks et à Boston avec D. Weilenstein. Elle est lauréate de plusieurs fondations et joue sur un violon de Carlo Ferdinando Landolfi.
Elsa Grether - Nous avions déjà interprété ensemble des programmes de musique de chambre. J'aime beaucoup son jeu et je le voyais bien dans ce répertoire. Nous avons essayé de respecter au maximum l'intention des compositeurs et nous avons dû faire des compromis pour certains tempi.
Comme nous nous entendons très bien, nous nous sommes beaucoup parlés et écoutés. La difficulté étant de trouver une bonne balance entre les deux instruments tout en conservant une réelle spontanéité. Nous avons mis deux ans à réaliser ce projet.
J'espère que nous aurons l'occasion de redonner ce programme en concert tel quel - ou associé à d'autres œuvres. Malheureusement beaucoup de programmateurs nous ont signifié qu'ils le trouvaient trop hermétique. Ce n'est pas mon sentiment, naturellement. Il faut vraiment se battre !
Du fait de votre parcours (2), hors des sentiers battus, pensez-vous avoir un jeu atypique ?
Elsa Grether - Je ne suis pas la meilleure placée pour juger mon jeu mais il est vrai que j'ai bénéficié de nombreuses influences. C'est une richesse. Trois ou quatre professeurs ont vraiment compté pour moi et j'apprends encore d'eux des années après les avoir quittés. Il faut de toute façon fournir un vrai travail pour trouver sa propre voix. Quand je prépare une œuvre, j'écoute beaucoup d ‘enregistrements au début. Puis je fais le vide afin de trouver mon propre chemin.
(1) C'est déjà en faisant ce type de recherche qu'Elsa Grether a conçu son premier CD "Poème mystique" avec Ferenc Vizi consacré à Ernest Bloch et Arvo Pärt.
(2) Premier prix de violon décerné à l'unanimité le jour de ses quinze ans au CRR de Paris, Elsa Grether a poursuivi sa formation au Mozarteum de Salzbourg avec R. Ricci, à l'université d'Indiania avec M. Fucks et à Boston avec D. Weilenstein. Elle est lauréate de plusieurs fondations et joue sur un violon de Carlo Ferdinando Landolfi.
● "French Resonance".
Sonates de Gabriel Pierné et Louis Vierne, deux courtes pièces de Gabriel Fauré.
Elsa Grether, violon.
François Dumont, piano.
Sortie : novembre 2015.
Label : Fuga Libera.
Distribution : Outhere Music .
Disponible en téléchargement sur les sites habituels ;
ou pour le CD physique >> elsagrether.com
Sélection des prochains concerts :
9 juin 2016 : Cité de la Musique, Soissons, Trio avec M.D. Thirault et J.L. Delahaut.
27 juillet 2016 : Festival Musique à l'Empéri.
14 août 2016 : Festival Mozaria, Ariège.
18 septembre 2016 : Septembre musical d'Argent-sur-Sauldre, avec Jérémy Jouve, guitare.
23 janvier 2017 : Récital Salle Cortot, Paris, avec Marie Vermeulin.
Sonates de Gabriel Pierné et Louis Vierne, deux courtes pièces de Gabriel Fauré.
Elsa Grether, violon.
François Dumont, piano.
Sortie : novembre 2015.
Label : Fuga Libera.
Distribution : Outhere Music .
Disponible en téléchargement sur les sites habituels ;
ou pour le CD physique >> elsagrether.com
Sélection des prochains concerts :
9 juin 2016 : Cité de la Musique, Soissons, Trio avec M.D. Thirault et J.L. Delahaut.
27 juillet 2016 : Festival Musique à l'Empéri.
14 août 2016 : Festival Mozaria, Ariège.
18 septembre 2016 : Septembre musical d'Argent-sur-Sauldre, avec Jérémy Jouve, guitare.
23 janvier 2017 : Récital Salle Cortot, Paris, avec Marie Vermeulin.