"Dimanche" © Virginie Meigne.
Si les compagnies belges Focus et Chaliwaté, alliées autour d'une écriture collective convoquant avec bonheur théâtre d'objets, séquences vidéo projetées en direct et théâtre gestuel fourmillant d'inventivité décalée, nous ont littéralement transportés dans une fable onirique aux effets secondaires percutants, la Cie 2b de François Grémaud (le même qui nous avait séduits avec son "Phèdre !") nous a, quant à elle, plombés au sol dans un premier degré interdisant tout espoir de décollage…
"Dimanche" se présente comme une sorte d'ovni échappant à tous les genres tant il se plaît à puiser ses ressources dans le meilleur de chacun. Jouant sur les différences de tailles propres au théâtre d'objets (voiture miniature tous phares allumés gravissant le bras recouvert de sapins nains d'un scientifique venu étudier la banquise, modèle réduit de camion TV filmant l'expédition, ou canoë grandeur nature naviguant sur le plateau victime de la montée des eaux), mixant séquences jouées et vidéos (faux glacier se fissurant sous leurs vrais pieds), ou encore animant des marionnettes géantes (celle de la grand-mère juchée sur sa chaise monte-escaliers ou celle d'une maman ourse grognant à la mort en voyant sa progéniture partir à la dérive)… l'illusion théâtrale bat son plein pour délivrer un récit truffé de trouvailles.
"Dimanche" se présente comme une sorte d'ovni échappant à tous les genres tant il se plaît à puiser ses ressources dans le meilleur de chacun. Jouant sur les différences de tailles propres au théâtre d'objets (voiture miniature tous phares allumés gravissant le bras recouvert de sapins nains d'un scientifique venu étudier la banquise, modèle réduit de camion TV filmant l'expédition, ou canoë grandeur nature naviguant sur le plateau victime de la montée des eaux), mixant séquences jouées et vidéos (faux glacier se fissurant sous leurs vrais pieds), ou encore animant des marionnettes géantes (celle de la grand-mère juchée sur sa chaise monte-escaliers ou celle d'une maman ourse grognant à la mort en voyant sa progéniture partir à la dérive)… l'illusion théâtrale bat son plein pour délivrer un récit truffé de trouvailles.
"Dimanche" © Virginie Meigne.
Ce récit désopilant "mis en images" narre les mésaventures ubuesques d'une famille ordinaire dont le repas dominical se trouve immanquablement perturbé par des turbulences météorologiques hors normes, s'invitant "naturellement" entre la dinde et le dessert… Des bourrasques s'engouffrent pour plaquer à l'horizontal les habitants en lévitation, les pieds de la table se déforment sous l'effet des températures torrides, les volatiles sont délogés de leur réserve naturelle et viennent s'échouer le bec ouvert entre les couverts, la montée des eaux fait flotter les objets du quotidien et noie les demeures squattées par de charmantes mains-pieuvres… sans que pour autant les habitants ne s'en émeuvent le moins du monde.
Et c'est à cet endroit même, celui de la poésie débridée, que se love "l'extra-ordinaire" force suggestive de cette forme singulière où toute parole est bannie. Comme dans les pellicules muettes de Charlie Chaplin ("Les Temps Modernes"), ou encore celles de l'homme qui ne riait jamais alias Buster Keaton - films dans lesquels la mécanique du burlesque porté à son incandescence tient lieu de discours -, l'absence de paroles atteint le summum de l'éloquence. En effet, si l'on rit de bon cœur des effets des dérèglements climatiques poussés jusqu'à la farce, il n'en reste pas moins que leur effet de vérité est saisissant.
Après la lutte onirique menée par l'inénarrable Charlot afin de survivre "coûte que coûte" au monde industrialisé des "Temps Modernes", les tribulations de ces rescapés des temps contemporains confrontés au désastre climatique annoncé font figure de lanceurs d'alertes…
Et c'est à cet endroit même, celui de la poésie débridée, que se love "l'extra-ordinaire" force suggestive de cette forme singulière où toute parole est bannie. Comme dans les pellicules muettes de Charlie Chaplin ("Les Temps Modernes"), ou encore celles de l'homme qui ne riait jamais alias Buster Keaton - films dans lesquels la mécanique du burlesque porté à son incandescence tient lieu de discours -, l'absence de paroles atteint le summum de l'éloquence. En effet, si l'on rit de bon cœur des effets des dérèglements climatiques poussés jusqu'à la farce, il n'en reste pas moins que leur effet de vérité est saisissant.
Après la lutte onirique menée par l'inénarrable Charlot afin de survivre "coûte que coûte" au monde industrialisé des "Temps Modernes", les tribulations de ces rescapés des temps contemporains confrontés au désastre climatique annoncé font figure de lanceurs d'alertes…
"Auréliens" © Mathilda Olmi.
Rien de semblable dans "Auréliens"… Là, on déserte la rive du ludique décomplexé et (im)pertinent pour aborder celle, c'est du sérieux, du compact, du solide… même si le ton un tantinet enjoué et décalé du comédien s'évertue à vouloir introduire un zeste de distance ironique dans la longue litanie énoncée des catastrophes planétaires à venir.
Partant d'une vraie communication autour de l'urgence écologique - conférence prononcée en 2019 par l'astrophysicien Aurélien Barrau - l'acteur Aurélien Patouillard (d'où le "s" des Auréliens du titre) délivre une vraie-fausse conférence reprenant à s'y méprendre les termes de l'originale fort savamment documentée.
Indépendamment de l'intérêt que pourraient revêtir les chiffres cités (intérêt tout relatif : leur profusion en affaiblit beaucoup l'impact), des constats tous azimuts délivrés et des conclusions "écolo-politique" à déduire urgemment sur les responsabilités qui échoient à chacun, là où le bât blesse, c'est que nous sommes présumés être venus au théâtre pour découvrir un "spectacle vivant". Le contrat implicite passé entre "le théâtre et son spectateur" supposerait, en effet, de produire une mise en jeu… des enjeux planétaires, si réels soient-ils, afin que le spectateur puisse s'en emparer de là où il est ce soir : à savoir, une salle de spectacle et non de conférence.
Partant d'une vraie communication autour de l'urgence écologique - conférence prononcée en 2019 par l'astrophysicien Aurélien Barrau - l'acteur Aurélien Patouillard (d'où le "s" des Auréliens du titre) délivre une vraie-fausse conférence reprenant à s'y méprendre les termes de l'originale fort savamment documentée.
Indépendamment de l'intérêt que pourraient revêtir les chiffres cités (intérêt tout relatif : leur profusion en affaiblit beaucoup l'impact), des constats tous azimuts délivrés et des conclusions "écolo-politique" à déduire urgemment sur les responsabilités qui échoient à chacun, là où le bât blesse, c'est que nous sommes présumés être venus au théâtre pour découvrir un "spectacle vivant". Le contrat implicite passé entre "le théâtre et son spectateur" supposerait, en effet, de produire une mise en jeu… des enjeux planétaires, si réels soient-ils, afin que le spectateur puisse s'en emparer de là où il est ce soir : à savoir, une salle de spectacle et non de conférence.
"Auréliens" © Mathilda Olmi.
Mais que nenni… En la circonstance, la mise en jeu comme la scénographie est réduite à peau de chagrin, aucun effort pour "mettre en lumière" et/ou "dramatiser" le propos qui, s'il l'est au sens commun de "tragique" (et là on concèdera que la barque est particulièrement chargée…), ne l'est aucunement au sens théâtral du terme.
Que l'on en juge… Aucune transposition du texte d'origine mais un semblant de copié-collé, aucune échappée vers l'imaginaire (et ce n'est pas la "pause poétique" (sic) d'un extrait fort opaque de "L'Ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud qui va changer la donne, pas plus que l'utilisation d'une citation approximative d'Héraclite clôturant la communication), aucune créativité pour inventer des éléments de mise en jeu (mis à part l'indigent chariot de supermarché choisi pour ironiser sur le désir de décapotable et le dérisoire magazine voulant figurer le podium de la course à l'échalote des nations engagées dans la production exponentielle des gaz à effet de serre)…
Alors, en écho au vrai-faux conférencier déclamant : "la conclusion est sans appel, la vie est en chute libre dans à peu près tous les secteurs", on serait tenté de convoquer Magritte pour lui rétorquer : "la conclusion est sans appel, ceci n'est pas du théâtre", mais une représentation de conférence sans grand relief. Si l'habit ne fait pas le moine, la tenue de sportif du dimanche, revêtue par le faux conférencier affublé d'un short, d'un sweat et chaussé de tennis, ne fait pas non plus l'acteur.
On l'aura sans nul doute compris, des deux histoires (la belge et la suisse) de dérèglement climatique, on retiendra la première, celle sans parole, beaucoup plus "parlante" que la seconde, inutilement bavarde. Oui, l'histoire belge, une fois.
Que l'on en juge… Aucune transposition du texte d'origine mais un semblant de copié-collé, aucune échappée vers l'imaginaire (et ce n'est pas la "pause poétique" (sic) d'un extrait fort opaque de "L'Ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud qui va changer la donne, pas plus que l'utilisation d'une citation approximative d'Héraclite clôturant la communication), aucune créativité pour inventer des éléments de mise en jeu (mis à part l'indigent chariot de supermarché choisi pour ironiser sur le désir de décapotable et le dérisoire magazine voulant figurer le podium de la course à l'échalote des nations engagées dans la production exponentielle des gaz à effet de serre)…
Alors, en écho au vrai-faux conférencier déclamant : "la conclusion est sans appel, la vie est en chute libre dans à peu près tous les secteurs", on serait tenté de convoquer Magritte pour lui rétorquer : "la conclusion est sans appel, ceci n'est pas du théâtre", mais une représentation de conférence sans grand relief. Si l'habit ne fait pas le moine, la tenue de sportif du dimanche, revêtue par le faux conférencier affublé d'un short, d'un sweat et chaussé de tennis, ne fait pas non plus l'acteur.
On l'aura sans nul doute compris, des deux histoires (la belge et la suisse) de dérèglement climatique, on retiendra la première, celle sans parole, beaucoup plus "parlante" que la seconde, inutilement bavarde. Oui, l'histoire belge, une fois.
"Dimanche"
"Dimanche" © Virginie Meigne.
Écriture et mise en scène : Julie Tenret, Sicaire Durieux, Sandrine Heyraud.
Avec : Julie Tenret, Sicaire Durieux, Sandrine Heyraud ou, en alternance, Muriel Legrand, Thomas Dechaufour, Shantala Pèpe ou Christine Heyraud.
Regard extérieur, Alana Osbourne.
Marionnettes : Joachim Jannin (WAW Studio!) et Jean-Raymond Brassinne.
Collaboration marionnettes : Emmanuel Chessa, Aurélie Deloche, Gaëlle Marras.
Scénographie : Zoé Tenret.
Construction décor : Zoé Tenret, Bruno Mortaignie (LS Diffusion), Sébastien Boucherit, Sébastien Munck.
Création lumière : Guillaume Toussaint Fromentin.
Création sonore : Brice Cannavo.
Réalisation vidéo et direction photographique : Tristan Galand.
Assistant caméra : Alexandre Cabanne.
Chef machiniste : Hatuey Suarez.
Prise de vue sous-marine : Alexandra Brixy.
Prise de vue vidéo : JT Tom Gineyts.
Post-production vidéos : Paul Jadoul.
Avec : Julie Tenret, Sicaire Durieux, Sandrine Heyraud ou, en alternance, Muriel Legrand, Thomas Dechaufour, Shantala Pèpe ou Christine Heyraud.
Regard extérieur, Alana Osbourne.
Marionnettes : Joachim Jannin (WAW Studio!) et Jean-Raymond Brassinne.
Collaboration marionnettes : Emmanuel Chessa, Aurélie Deloche, Gaëlle Marras.
Scénographie : Zoé Tenret.
Construction décor : Zoé Tenret, Bruno Mortaignie (LS Diffusion), Sébastien Boucherit, Sébastien Munck.
Création lumière : Guillaume Toussaint Fromentin.
Création sonore : Brice Cannavo.
Réalisation vidéo et direction photographique : Tristan Galand.
Assistant caméra : Alexandre Cabanne.
Chef machiniste : Hatuey Suarez.
Prise de vue sous-marine : Alexandra Brixy.
Prise de vue vidéo : JT Tom Gineyts.
Post-production vidéos : Paul Jadoul.
"Dimanche" © Virginie Meigne.
Sons vidéos : Jeff Levillain (Studio Chocolat-noisette) et Roland Voglaire (Boxon Studio).
Aide costumes : Fanny Boizard.
Régisseur général : Léonard Clarys.
Régisseurs : Léonard Clarys avec Isabelle Derr ou Hugues Girard ou Guillaume Toussaint Fromentin.
Un spectacle des compagnies Focus et Cie Chaliwaté, Belgique.
Durée : 1 h 20.
Vu le dimanche 3 octobre 2021 à 18 h aux Colonnes de Blanquefort (33), dans le cadre du festival FAB 2021.
Autres représentations données : samedi 2 à 19 h et lundi 4 octobre à 14 h.
Tournée
Du 12 au 30 octobre 2021 : Théâtre des Tanneurs, Bruxelles (Belgique).
9 novembre 2021 : Théâtres en Dracénie, Draguignan (83).
12 et 13 novembre 2021 : Le Théâtre de Fos, Fos-sur-Mer (13).
Du 16 au 28 novembre 2021 : Théâtre Monfort, Paris (75).
2 et 3 décembre 2021 : Ma Scène nationale, Montbéliard (25).
7 et 8 décembre 2021 : Les Scènes du Jura - Scène nationale, Lons-le-Saulnier (39).
11 et 12 décembre 2021 : Équilibre : Nuithonoe, Villars-sur-Glâne (Suisse).
Du 16 au 18 décembre 2021 : Le Quartz, Scène nationale, Brest (29).
Aide costumes : Fanny Boizard.
Régisseur général : Léonard Clarys.
Régisseurs : Léonard Clarys avec Isabelle Derr ou Hugues Girard ou Guillaume Toussaint Fromentin.
Un spectacle des compagnies Focus et Cie Chaliwaté, Belgique.
Durée : 1 h 20.
Vu le dimanche 3 octobre 2021 à 18 h aux Colonnes de Blanquefort (33), dans le cadre du festival FAB 2021.
Autres représentations données : samedi 2 à 19 h et lundi 4 octobre à 14 h.
Tournée
Du 12 au 30 octobre 2021 : Théâtre des Tanneurs, Bruxelles (Belgique).
9 novembre 2021 : Théâtres en Dracénie, Draguignan (83).
12 et 13 novembre 2021 : Le Théâtre de Fos, Fos-sur-Mer (13).
Du 16 au 28 novembre 2021 : Théâtre Monfort, Paris (75).
2 et 3 décembre 2021 : Ma Scène nationale, Montbéliard (25).
7 et 8 décembre 2021 : Les Scènes du Jura - Scène nationale, Lons-le-Saulnier (39).
11 et 12 décembre 2021 : Équilibre : Nuithonoe, Villars-sur-Glâne (Suisse).
Du 16 au 18 décembre 2021 : Le Quartz, Scène nationale, Brest (29).
"Auréliens"
"Auréliens" © Mathilda Olmi.
Création 2020.
Conception et mise en scène : François Grémaud.
Texte conférence : Aurélien Barrau.
Adaptation : François Grémaud.
Avec : Aurélien Patouillard.
2b company, Suisse.
Durée : 1 h.
Vu le mercredi 6 octobre à 20 h 30 au Cube de Villenave-d'Ornon (33), dans le cadre du festival FAB 2021.
Autres représentations données : mardi 5 octobre à 20 h 30.
FAB – 6e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
Du 1er au 23 octobre 2021.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
Billetterie : 09 82 31 71 30.
contact@festivalbordeaux.com
>> fab.festivalbordeaux.com
Conception et mise en scène : François Grémaud.
Texte conférence : Aurélien Barrau.
Adaptation : François Grémaud.
Avec : Aurélien Patouillard.
2b company, Suisse.
Durée : 1 h.
Vu le mercredi 6 octobre à 20 h 30 au Cube de Villenave-d'Ornon (33), dans le cadre du festival FAB 2021.
Autres représentations données : mardi 5 octobre à 20 h 30.
FAB – 6e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
Du 1er au 23 octobre 2021.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
Billetterie : 09 82 31 71 30.
contact@festivalbordeaux.com
>> fab.festivalbordeaux.com