© Pascal Victor/ArtcomPress.
Une Russie passée comme un souvenir d'enfance dont le poète retrouve les sensations perdues, les partage avec son lecteur qu'il sait apostropher, lui livre ses regrets des premières amours lumineuses. Gâchées par les fanfaronnades et l'inexpérience. Qui versent dans l'amertume et le sentiment de la perte de toute poésie du monde.
Dans un étonnant mouvement de nostalgie, le jeu de l'écriture décrit la mort et résurrection du poète.
Brillamment, Jean Bellorini en trouve un équivalent scénique en déployant son dispositif dans toutes les dimensions du spectacle. Tout œil et tout ouïe. Le spectacle présenté en bi-frontal est joué comme au théâtre et pourtant s'écoute au casque en direct.
Avec cette convention arbitraire et contraignante le metteur en scène détriple les effets, les fait converger vers une intimité de perception des plus heureuses. Le jeu privilégie dans un premier temps les rituels et les mimiques d'un animateur de radio face à son microphone. Ce qui décontracte le spectateur avant de le plonger dans une grande disposition d'attention.
Dans un étonnant mouvement de nostalgie, le jeu de l'écriture décrit la mort et résurrection du poète.
Brillamment, Jean Bellorini en trouve un équivalent scénique en déployant son dispositif dans toutes les dimensions du spectacle. Tout œil et tout ouïe. Le spectacle présenté en bi-frontal est joué comme au théâtre et pourtant s'écoute au casque en direct.
Avec cette convention arbitraire et contraignante le metteur en scène détriple les effets, les fait converger vers une intimité de perception des plus heureuses. Le jeu privilégie dans un premier temps les rituels et les mimiques d'un animateur de radio face à son microphone. Ce qui décontracte le spectateur avant de le plonger dans une grande disposition d'attention.
© Pascal Victor/ArtcomPress.
Le spectateur étant libre, il peut ajuster le casque ou non…
Ou bien, il se laisse prendre au son coloré, profond et chaud au relief bien marqué. Et découvre un poème symphonique harmonisé aux souvenirs de l'opéra éponyme de Piotr Tchaïkovski. Adaptation musicale, bruitage s'incrustant parfaitement dans les voix clairement ajustées. Et de voir les yeux fermés, paisiblement installé dans la nuit. Il peut être tard, peu importe, Eugène Onéguine parle du temps et de son réconfort.
Ou bien, il enlève son casque. Les voix lui parviennent plus nettes, plus mates, plus naturelles. Et la musique a disparu. Ne reste que le pouvoir des mots, et l'injonction du jeu au microphone qui devient pur théâtre précis, dense, intense même. Les mots se fondent dans les corps et le poème s'exalte. Expressive dans son silence, la jeune fille amoureuse et triste joue au piano sans cordes. Les marteaux frappent en cadence et sonnent comme un parquet piétiné. Eugène Onéguine ainsi écouté parle de l'amour, de la mort, de la vie . Celle des mots et des humains.
Ou bien il met le casque à distance et perçoit en sourdine, étouffée la bande son et assiste alors à la naissance du théâtre. Et sa vitalité partagée. Car il appartient au spectateur d'ajuster sa sensibilité à la trame proposée. Celle de la mort et de la résurrection du poète.
Avec grand art, Jean Bellorini joue avec le dispositif du théâtre comme s'il jouait "sur un piano cassé la valse des temps à jamais enfouis"*.
Ce qui est très russe.
* Citation tirée de "La Colombe d'argent" d'Andréï Biély.
Ou bien, il se laisse prendre au son coloré, profond et chaud au relief bien marqué. Et découvre un poème symphonique harmonisé aux souvenirs de l'opéra éponyme de Piotr Tchaïkovski. Adaptation musicale, bruitage s'incrustant parfaitement dans les voix clairement ajustées. Et de voir les yeux fermés, paisiblement installé dans la nuit. Il peut être tard, peu importe, Eugène Onéguine parle du temps et de son réconfort.
Ou bien, il enlève son casque. Les voix lui parviennent plus nettes, plus mates, plus naturelles. Et la musique a disparu. Ne reste que le pouvoir des mots, et l'injonction du jeu au microphone qui devient pur théâtre précis, dense, intense même. Les mots se fondent dans les corps et le poème s'exalte. Expressive dans son silence, la jeune fille amoureuse et triste joue au piano sans cordes. Les marteaux frappent en cadence et sonnent comme un parquet piétiné. Eugène Onéguine ainsi écouté parle de l'amour, de la mort, de la vie . Celle des mots et des humains.
Ou bien il met le casque à distance et perçoit en sourdine, étouffée la bande son et assiste alors à la naissance du théâtre. Et sa vitalité partagée. Car il appartient au spectateur d'ajuster sa sensibilité à la trame proposée. Celle de la mort et de la résurrection du poète.
Avec grand art, Jean Bellorini joue avec le dispositif du théâtre comme s'il jouait "sur un piano cassé la valse des temps à jamais enfouis"*.
Ce qui est très russe.
* Citation tirée de "La Colombe d'argent" d'Andréï Biély.
"Eugène Onéguine"
© Pascal Victor/ArtcomPress.
Texte : d'après "Eugène Onéguine d'Alexandre Pouchkine.
Traduction : André Markowicz.
Mise en scène : Jean Bellorini.
Réalisation sonore : Sébastien Trouvé.
Avec : Clément Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli, Matthieu Tune, Mélodie-Amy Wallet.
Scénographie, lumière : Jean Bellorini.
Assistante à la mise en scène : Mélodie-Amy Wallet.
Composition originale librement inspirée de l'opéra "Eugène Onéguine" de Piotr Tchaïkovski enregistrée et arrangée par : Sébastien Trouvé et Jérémie Poirier-Quinot.
Musiciens : Jérémie Poirier-Quinot (flûte), Florian Mavielle et Benjamin Chavrier (violons), Emmanuel François (alto), Barbara Le Liepvre (violoncelle), Julien Decoret (contrebasse), Anthony Caillet (euphonium).
Durée : 2 h.
Du 23 mars au 20 avril 2019.
Du lundi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h.
Relâche mardi et mercredi.
Théâtre Gérard Philipe - CDN, Saint-Denis (93), Salle Mehmet Ulusoy, 01 48 13 70 00.
>> theatregerardphilipe.com
Traduction : André Markowicz.
Mise en scène : Jean Bellorini.
Réalisation sonore : Sébastien Trouvé.
Avec : Clément Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli, Matthieu Tune, Mélodie-Amy Wallet.
Scénographie, lumière : Jean Bellorini.
Assistante à la mise en scène : Mélodie-Amy Wallet.
Composition originale librement inspirée de l'opéra "Eugène Onéguine" de Piotr Tchaïkovski enregistrée et arrangée par : Sébastien Trouvé et Jérémie Poirier-Quinot.
Musiciens : Jérémie Poirier-Quinot (flûte), Florian Mavielle et Benjamin Chavrier (violons), Emmanuel François (alto), Barbara Le Liepvre (violoncelle), Julien Decoret (contrebasse), Anthony Caillet (euphonium).
Durée : 2 h.
Du 23 mars au 20 avril 2019.
Du lundi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h.
Relâche mardi et mercredi.
Théâtre Gérard Philipe - CDN, Saint-Denis (93), Salle Mehmet Ulusoy, 01 48 13 70 00.
>> theatregerardphilipe.com