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Éric Guilleton... Une ville, un soir...

Un train, une étape, une ville, un soir, un concert... de mots romantiques en notes nostalgiques, avec pour mélodie la mélancolie accordée à sa guitare, Éric Guilleton nous offre un nouveau voyage poétique dans le monde des souvenirs, des moments amoureux et des réflexions lucides de la vie qui passe... Où parfois des espoirs peuvent fleurir.



© Camille Guilleton.
Entre ambiance quai de gare et atmosphère gaie de pluie, au cœur des cœurs étreints les nuits de braises, "Une ville, un soir", le nouvel album d’Éric Guilleton est une clairvoyante mais joyeuse ode au romantisme teinté d'histoires colorées et de douces mélodies finement ciselées.

Conçus et réalisés "à la maison" - hormis deux chansons au piano enregistrées au Théâtre d’Étampes (où il est en résidence d'artiste depuis quelques années) -, façon "fait main" et dans une temporalité vivante et acoustique, les treize titres de cet opus reflète parfaitement l'univers, à la dentelle poétique et au phrasé délicat, de cet invétéré romantique... emprunt d'un regard généreux et permanent sur le monde qui l'entoure.

Cet opus est indéniablement d'une facture classique, au sens le plus noble du terme. Et comme pour beaucoup de voyages, tout commence par une "Histoire de trains" et une ambiance sonore de quai de gare. Et si un train peut en cacher un autre... un souvenir peut aussi en cacher un autre... de chagrins en espoirs, sur le chemin de l'amour, le cœur peut parfois s'amuser en route... Folk-song dans la plus pure tradition où la voix d'Éric, comme souvent, est douce et câline pour parler d'amour, ici sans doute à sa fille, sur une frise guitaristique qui tourne joliment...

L'étape suivante nous emmène à Orléans, sur le parvis de sa cathédrale, simplement pour prendre conscience de l'instant, de ces petits moments fugaces, de ces séquences apparemment anodines de notre vie mais qui se loge dans la bibliothèque de nos souvenirs... le temps de griller une cigarette... et de laisser une pensée partir en fumée.

Le 3e titre, "La beauté des humbles", l'un des deux de l'album interprété (magnifiquement) au piano est sans doute l'un plus beau de cet promenade poétique, plein de générosité et d'humanisme... posé sur un jeu pianistique délicat qui a la fine fluidité d'un William S...
"Cela m'est venu un jour à Paris, dans le métro, je nous voyais tous dans le bocal. Et je me suis dit, les gens sont des héros sans le savoir... Car il faut être sacrément courageux pour vivre en ce moment."

De promenades en balades (ballades), la soirée se passe parfois au cinéma où l'amour fait mouche. Sans doute dans ces moments-là on aimerait tant éviter "Les mensonges à l'amante". De tendres souvenirs d'amour, il en est souvent question avec Éric Guilleton. Sous la pluie à Saint-Valéry ("Et..."), au joli temps des cerises ("Ninon") ou dans le silence de la nuit ("La dormeuse"), dans la trame de sa mémoire, il brode la tendresse des échanges amoureux sans en oublier les maux.

Le sentier de ses pensées passe parfois par l'enfance ("Joyeux Noël") ou l'adolescence ("Dans la poche"), empreint d'une nostalgie légère comme les aériens arpèges qu'il tisse sur sa guitare en de mélodiques phrases harmonieuses. "La maison du passeur", second morceau au piano, nous prouve, si besoin était, la qualité de ses compositions où se pose de temps en temps un brin d'élégante mélancolie.

La chanson titre de l'album, "Une ville, un soir", nous entraîne dans les vagabondes réflexions de l'artiste qui, de gare en gare, de quai en quai, découvre le temps d'une soirée, d'un concert, le sentiment éphémère d'être toujours ailleurs, en découverte permanente de l'éternel - mais toujours nouvel - étranger. Un des titres phares qui éclaire de sa grâce ce nouveau vagabondage de notre sage romantique.

Éric Guilleton aurait pu être un artisan menuisier de la chanson mais c'est à un véritable ébéniste auquel nous avons affaire, qui réussit, avec délicatesse et un incroyable talent, l'association paroles et musiques... comme une fine et raffinée marqueterie... digne de l'intemporel Orient Express (douce nostalgie) ! Comme le bonheur d'être sur le quai d'une gare, en partance permanente pour un ailleurs à découvrir ou à redécouvrir au cœur des souvenirs, "Une ville, un soir" s'offre comme autant de petites histoires étapes, d'amours séquences, d'instants de vie passés ou rêvés qui nourrissent/construisent nos âmes du bonheur d'exister et de rencontrer l'autre.

En écoutant Éric Guilleton, on prend conscience du temps qui passe, mais le passé, en se laissant embarquer dans ses voyages romantico-nostalgiques, est bigrement agréable.


● CD Éric Guilleton "Une ville, un soir". Sortie le 21/01/2012.
Mystikal Production.

Gil Chauveau
Lundi 20 Février 2012
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