Refusant le concert mais fréquentant volontiers les salons de la Monarchie de Juillet, Frédéric Chopin porte à la perfection ce genre libre fait pour un cadre intimiste et un auditoire réduit avec ses vingt-et-un "Nocturnes" composés entre 1830 (son arrivée à Paris) et sa mort en 1849. Laissant une large place à l'interprétation du pianiste, ils exaltent en mode mineur ou majeur les prestiges de la nuit romantique, plongeant l'auditeur dans une rêverie profonde entre chant et mélancolie (parfois jusqu'au déchirement), traçant ainsi les contours de cette "langue indéfinie" - tel que Chopin concevait la musique.
Et la surprise de la première écoute de la version que nous offre aujourd'hui Emmanuelle Swiercz se mue vite en évidence aux suivantes. Prenant le parti de la lenteur et de la recherche de l'imprévu, son interprétation, toute en gracilité, équilibre et clarté, explore les états sensibles d'une partition dont on croyait tout connaître. Entre sensualité, délicatesse et poésie suggestive, son jeu nous rappelle à quel point Chopin est avec ces "Nocturnes" le précurseur des Fauré et autres Debussy - en compositeur slave éminemment français. Et qu'il ne cessa jamais d'ouvrir de nouvelles voies de séries en séries.
Et la surprise de la première écoute de la version que nous offre aujourd'hui Emmanuelle Swiercz se mue vite en évidence aux suivantes. Prenant le parti de la lenteur et de la recherche de l'imprévu, son interprétation, toute en gracilité, équilibre et clarté, explore les états sensibles d'une partition dont on croyait tout connaître. Entre sensualité, délicatesse et poésie suggestive, son jeu nous rappelle à quel point Chopin est avec ces "Nocturnes" le précurseur des Fauré et autres Debussy - en compositeur slave éminemment français. Et qu'il ne cessa jamais d'ouvrir de nouvelles voies de séries en séries.
Deux CD donc pour ces vingt-et-un nocturnes dont le style évolue sur près de vingt ans entre les opus 9 et 15, composés dans la douleur neuve de l'exil entre 1830 et 1833 (déjà riches d'invention harmonique et mélodique), les opus 48 (1841) et 55 (1843), témoins du style tardif d'un Chopin qui conjugue ferveur et sensibilité tenues à distance et ceux publiés après sa mort. Emmanuelle Swiercz justifie ici le jugement d'un Liszt admiratif de son rival dont il trouvait l'"expression parfaitement neuve".
Entre drame et aveux (les deux Nocturnes opus 27), entre méditation et retour dans les méandres de la mémoire (avec les opus 37 et 62), l'élégance du phrasé, le toucher ondulatoire et certains miracles de ténuité du jeu cantabile de la jeune pianiste française font mouche. C'est qu'elle a retenu la leçon de ce fin connaisseur de ce répertoire qu'était André Gide : "Surtout pas de brio !".
● "Chopin - Nocturnes".
Emmanuelle Swiercz, piano.
Sortie : 30 octobre 2015.
Label : La Musica.
Distribution : harmonia mundi.
Entre drame et aveux (les deux Nocturnes opus 27), entre méditation et retour dans les méandres de la mémoire (avec les opus 37 et 62), l'élégance du phrasé, le toucher ondulatoire et certains miracles de ténuité du jeu cantabile de la jeune pianiste française font mouche. C'est qu'elle a retenu la leçon de ce fin connaisseur de ce répertoire qu'était André Gide : "Surtout pas de brio !".
● "Chopin - Nocturnes".
Emmanuelle Swiercz, piano.
Sortie : 30 octobre 2015.
Label : La Musica.
Distribution : harmonia mundi.