© Maléna Bérenguer Logerais.
Ce n'est pas la première fois que ce célèbre entretien "Duras-Platini" est adapté au théâtre. On peut avoir entendu parler de l'adaptation par Guy Naigeon au Nouveau Théâtre du 8e à Lyon, il y a plusieurs années, ou encore de celle de Mohamed El Khatib, au Studio 118 de la Maison de la Radio en 2019 avec Anne Brochet et Laurent Poitrenaux. Et peut-être d'autres encore que nous ignorons…
Michel Platini est face à la célèbre romancière qu'il ne connaît pas et dont il n'a jamais entendu parler ! Il vient de prendre sa retraite et, à cette occasion, a sorti un livre sur sa carrière, "Ma vie comme un match".
Mais, au terme de cette interview qu'il a acceptée – parce que, dira-t-il, il aime être interrogé par des personnes qui ne s'y connaissent pas en foot –, il dira que cette heure passée avec Duras a été bien plus dure que n'importe quel match de sa carrière (sic).
La confrontation de ces deux monstres sacrés a pu interpeller, peut-être même faire sourire, et on peut se demander, surtout, ce qui a bien pu pousser la célèbre romancière qui vient de publier "L'Amant", à interroger ainsi un joueur de football, aussi célèbre soit-il ! Après Michel Platini, Duras convoquera François Mitterrand…
Michel Platini est face à la célèbre romancière qu'il ne connaît pas et dont il n'a jamais entendu parler ! Il vient de prendre sa retraite et, à cette occasion, a sorti un livre sur sa carrière, "Ma vie comme un match".
Mais, au terme de cette interview qu'il a acceptée – parce que, dira-t-il, il aime être interrogé par des personnes qui ne s'y connaissent pas en foot –, il dira que cette heure passée avec Duras a été bien plus dure que n'importe quel match de sa carrière (sic).
La confrontation de ces deux monstres sacrés a pu interpeller, peut-être même faire sourire, et on peut se demander, surtout, ce qui a bien pu pousser la célèbre romancière qui vient de publier "L'Amant", à interroger ainsi un joueur de football, aussi célèbre soit-il ! Après Michel Platini, Duras convoquera François Mitterrand…
© Maléna Bérenguer Logerais.
Cette fois-ci, dans cette salle "Marie Curie" de la Reine Blanche, ce sont une comédienne et un comédien qui s'y collent. Neil-Adam Mohammedi, né en 1997 à Montréal, qui, avant de rentrer au CNSAD, a fait partie de la saison 4 de 1er Acte, ce qui lui a permis de rencontrer Stanislas Nordey, Anne Mercier et Olivier Py. Passionné d'écriture, de voyages et de fictions (tous genres confondus), Neil-Adam a déjà écrit trois pièces et plusieurs scénarios.
Je me souviens du jeune élève Neil, en classe de 4e au Collège Maréchal Leclerc de Puteaux, il y a plusieurs années. Un peu secret et réservé, à la limite d'une certaine suffisance, mais somme toute très subjective, quelque chose en lui m'interpellait déjà, mais j'étais loin d'imaginer un jour qu'il afficherait autant de prestance et de charisme sur un plateau de théâtre… Même si quelque chose en mon for intérieur me faisait croire qu'il aurait un bel avenir sans savoir encore lequel, forcément !
Gageons que Michel Platini, dans cette adaptation ô combien émouvante de l'entretien, serait fier de l'incarnation qui est portée ici par ce jeune talent ambitieux. Le spectacle débute par une parole nette et captivante qu'il interprète de façon très convaincante en reprenant intégralement les premières pages du livre autobiographique de Platini. C'est empreint d'une grande tendresse et dès les premiers instants, le comédien parvient à captiver l'attention des spectateurs.
"Il y a quelque chose en lui de Platini "… Ce ne sont pas les paroles de la chanson bien connue, mais c'est la réalité. Brun, aux cheveux ondulés et au regard noir perçant, Neil-Adam a incontestablement quelque chose de Michel Platini et, dans son interprétation, les mots sonnent fort justement, sans failles. L'incongruité dont on a pu parler autour de cette interview qui, au bout du compte, se révèle être davantage un entretien, est ici rapidement balayée grâce à l'interprétation des acteurs et actrices. Il suffit d'assister à la représentation pour balayer cette idée préconçue. Ces deux intelligences si différentes furent finalement en totale union et complicité, et les interprètes, appuyés(es) par la scénographie, le restituent bien joliment.
Neil-Adam Mohammedi campe parfaitement un Platini peu impressionné par la célèbre femme de lettres. Il ne la connaît pas et n'a donc aucune raison d'être impressionné ! Le comédien parvient, par moments, à convoquer de façon subtile un détachement apparent qui cache un grand professionnalisme. Un moment de bravoure particulier apparaît lorsqu'il énumère brillamment les différents trophées remportés par Platini, chacun accompagné de leurs années respectives !
Cyrielle Rayet, quant à elle, porte la parole de Marguerite Duras. De son côté, rien de son physique ne rappelle celui de la célèbre romancière. Silhouette fine aux longs cheveux auburns, elle parvient, elle aussi, à marquer de nombreux buts avec élégance, dans la retranscription des paroles prononcées par Duras grâce à une gestuelle calibrée et fluide qui apporte au texte quelque chose de presque hypnotique.
Je me souviens du jeune élève Neil, en classe de 4e au Collège Maréchal Leclerc de Puteaux, il y a plusieurs années. Un peu secret et réservé, à la limite d'une certaine suffisance, mais somme toute très subjective, quelque chose en lui m'interpellait déjà, mais j'étais loin d'imaginer un jour qu'il afficherait autant de prestance et de charisme sur un plateau de théâtre… Même si quelque chose en mon for intérieur me faisait croire qu'il aurait un bel avenir sans savoir encore lequel, forcément !
Gageons que Michel Platini, dans cette adaptation ô combien émouvante de l'entretien, serait fier de l'incarnation qui est portée ici par ce jeune talent ambitieux. Le spectacle débute par une parole nette et captivante qu'il interprète de façon très convaincante en reprenant intégralement les premières pages du livre autobiographique de Platini. C'est empreint d'une grande tendresse et dès les premiers instants, le comédien parvient à captiver l'attention des spectateurs.
"Il y a quelque chose en lui de Platini "… Ce ne sont pas les paroles de la chanson bien connue, mais c'est la réalité. Brun, aux cheveux ondulés et au regard noir perçant, Neil-Adam a incontestablement quelque chose de Michel Platini et, dans son interprétation, les mots sonnent fort justement, sans failles. L'incongruité dont on a pu parler autour de cette interview qui, au bout du compte, se révèle être davantage un entretien, est ici rapidement balayée grâce à l'interprétation des acteurs et actrices. Il suffit d'assister à la représentation pour balayer cette idée préconçue. Ces deux intelligences si différentes furent finalement en totale union et complicité, et les interprètes, appuyés(es) par la scénographie, le restituent bien joliment.
Neil-Adam Mohammedi campe parfaitement un Platini peu impressionné par la célèbre femme de lettres. Il ne la connaît pas et n'a donc aucune raison d'être impressionné ! Le comédien parvient, par moments, à convoquer de façon subtile un détachement apparent qui cache un grand professionnalisme. Un moment de bravoure particulier apparaît lorsqu'il énumère brillamment les différents trophées remportés par Platini, chacun accompagné de leurs années respectives !
Cyrielle Rayet, quant à elle, porte la parole de Marguerite Duras. De son côté, rien de son physique ne rappelle celui de la célèbre romancière. Silhouette fine aux longs cheveux auburns, elle parvient, elle aussi, à marquer de nombreux buts avec élégance, dans la retranscription des paroles prononcées par Duras grâce à une gestuelle calibrée et fluide qui apporte au texte quelque chose de presque hypnotique.
© Romy Alizée.
Née à Albi, c'est au cours Florent qu'elle rencontre Simon Eli Galibert avec qui elle travaillera sur plusieurs créations, ainsi que Laure Marion. À ses côtés, elle crée le Collectif Louves avec neuf autres comédiennes. En 2015, elle intègre le TNB où elle explore et développe une recherche autour de la corporalité.
La jeunesse de ces deux interprètes confère à ce spectacle quelque chose d'intemporel, porté par des propos forts, justement mis en valeur et ingénieusement scénographiés par la jeune metteuse en scène et comédienne, Barbara Chenu, à la tête de la Compagnie Sochin. L'idée de placer le public face à face, sur des bancs en bois comme sur des gradins, est pertinente et, pour peu qu'on n'ait jamais assisté à un match de foot de notre vie, on se sent immédiatement projeté dans un stade. Le bruit et les hurlements en moins.
Un carré de pelouse synthétique semblable à un tatami de karaté trône au milieu du plateau et autour de lui, des dalles encastrables en mousse rouges et bleues évoquent subtilement le terrain de foot. C'est sur cet espace que les deux partenaires vont évoluer de façon juste et élégante.
Louis Ripault, à l'intelligente dramaturgie, nous faire revivre ce morceau d'anthologie culturel français, duquel se dégage aussi, de façon nette et récurrente, l'idée de solitude, pour peu qu'on tende bien l'oreille… Tant du côté de Duras que de Platini.
On peut donc être célèbre, adulé, au firmament de la gloire, et n'en rester pas moins profondément humain avec tout ce que cela signifie.
La jeunesse de ces deux interprètes confère à ce spectacle quelque chose d'intemporel, porté par des propos forts, justement mis en valeur et ingénieusement scénographiés par la jeune metteuse en scène et comédienne, Barbara Chenu, à la tête de la Compagnie Sochin. L'idée de placer le public face à face, sur des bancs en bois comme sur des gradins, est pertinente et, pour peu qu'on n'ait jamais assisté à un match de foot de notre vie, on se sent immédiatement projeté dans un stade. Le bruit et les hurlements en moins.
Un carré de pelouse synthétique semblable à un tatami de karaté trône au milieu du plateau et autour de lui, des dalles encastrables en mousse rouges et bleues évoquent subtilement le terrain de foot. C'est sur cet espace que les deux partenaires vont évoluer de façon juste et élégante.
Louis Ripault, à l'intelligente dramaturgie, nous faire revivre ce morceau d'anthologie culturel français, duquel se dégage aussi, de façon nette et récurrente, l'idée de solitude, pour peu qu'on tende bien l'oreille… Tant du côté de Duras que de Platini.
On peut donc être célèbre, adulé, au firmament de la gloire, et n'en rester pas moins profondément humain avec tout ce que cela signifie.
"Duras-Platini Son match le plus dur"
Texte : d'après l'interview des 14 et 15 décembre 1987 publiée dans Libération.
Mise en scène : Barbara Chanut.
Avec : Barbara Chanut, Liza Lamy, Neil-Adam Mohammedi et Cyrielle Rayet.
Dramaturgie : Louis Ripault.
Régie générale et co-création lumière : Clément Balcon.
Co-crétion et régie lumière : Rose Bienvenu.
Création sonore : Liza Lamy + Collectif Vel.Cro.
Conseils costumes : Lucie Duranteau.
Production : Compagnie Sochin.
Durée : 1 h 20
Le spectacle a reçu le label "Olympiade Culturelle" de la part de Paris 2024.
Du 25 octobre au 26 novembre 2023.
Mercredi et vendredi à 21 h, dimanche à 18 h.
Théâtre de la Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Paris 18e, 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com
Mise en scène : Barbara Chanut.
Avec : Barbara Chanut, Liza Lamy, Neil-Adam Mohammedi et Cyrielle Rayet.
Dramaturgie : Louis Ripault.
Régie générale et co-création lumière : Clément Balcon.
Co-crétion et régie lumière : Rose Bienvenu.
Création sonore : Liza Lamy + Collectif Vel.Cro.
Conseils costumes : Lucie Duranteau.
Production : Compagnie Sochin.
Durée : 1 h 20
Le spectacle a reçu le label "Olympiade Culturelle" de la part de Paris 2024.
Du 25 octobre au 26 novembre 2023.
Mercredi et vendredi à 21 h, dimanche à 18 h.
Théâtre de la Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Paris 18e, 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com