© Ulises Avila.
Voisins de langue, voisins géographiques, héritiers de cette même histoire brisée par la "découverte de l'Amérique par l'Europe", tout portait à croire qu'une sorte de vision commune pouvait être partagée entre les 130 millions d'habitants du Mexique et les 50 millions cumulés des sept pays de l'Amérique centrale, sauf que… Tout dans la vie est question de point de vue. Et quand nos deux artistes jettent leurs regards fraternels sur le Costa Rica, le Guatemala ou sur Belize, ils reçoivent en retour le regard que la population porte sur le Mexique. Un regard beaucoup moins poétique qui dit : "Le Mexique, c'est le mur qui nous empêche d'aller au nord !"
Jeu de domino étrange que ce monde dans lequel chaque pays empilé s'affronte au mur de son voisin dès qu'il se situe "au nord". Étrange sentiment pour nos deux explorateurs que de se sentir soudain aussi impitoyables que les USA sont de plus en plus vis-à-vis d'eux. Comme s'ils étaient, dans la grande famille hispanophone, des faux frères.
"Centroamerica", théâtre documentaire, prend sa source dans ce voyage fait de quantité de révélations. Il raconte, dans une première partie, ces différentes étapes qui se doublent d'actions artistiques dans chacun des pays parcourus, de rencontres et de sensations, qu'elles soient rassurantes ou déstabilisantes. C'est l'établissement d'une sorte de carte émotionnelle de cette partie du monde qui est représentée au plateau par la mise en place, au fur et à mesure des scènes, d'un patchwork de grandes pièces de tissus, chacune de motifs et de matières différentes, comme pour représenter la diversité rencontrée.
Jeu de domino étrange que ce monde dans lequel chaque pays empilé s'affronte au mur de son voisin dès qu'il se situe "au nord". Étrange sentiment pour nos deux explorateurs que de se sentir soudain aussi impitoyables que les USA sont de plus en plus vis-à-vis d'eux. Comme s'ils étaient, dans la grande famille hispanophone, des faux frères.
"Centroamerica", théâtre documentaire, prend sa source dans ce voyage fait de quantité de révélations. Il raconte, dans une première partie, ces différentes étapes qui se doublent d'actions artistiques dans chacun des pays parcourus, de rencontres et de sensations, qu'elles soient rassurantes ou déstabilisantes. C'est l'établissement d'une sorte de carte émotionnelle de cette partie du monde qui est représentée au plateau par la mise en place, au fur et à mesure des scènes, d'un patchwork de grandes pièces de tissus, chacune de motifs et de matières différentes, comme pour représenter la diversité rencontrée.
© Ulises Avila.
Mais le spectacle ne se borne pas à cet état des lieux. Et la curiosité, capable de rester parfois froide, lointaine, étrangère, cède soudain la place à l'humain lorsque nos deux comédiens aventuriers rencontrent M… L'histoire de M., originaire du Nicaragua, en exil au Costa Rica, à cause du danger qui la menace dans son pays. Une menace tout ce qu'il y a d'officiel, d'étatique. Une menace qui lui intima la nécessité de fuir un jour, sans possibilité de retour.
M. leur demande alors une promesse étrange. Arguant d'une ressemblance physique entre Luisa Pardo et elle-même, elle la prie de se rendre dans son pays sous son identité, car elle souffre d'une chose qu'elle ne peut réparer elle-même sans risquer sa vie : son frère, décédé lors de la pandémie de covid, a été enterré en fosse commune. Elle voudrait, telle une moderne Antigone, que celui-ci soit enterré dans le caveau familial auprès de leur mère.
Et voilà la deuxième partie du spectacle, qui joue non plus seulement des sentiments et des ressentis, mais des tripes, des peurs, des dangers auxquels se sont livrés ces deux créateurs, qui d'observateurs se transforment soudain en acteurs de leur propre documentaire.
Grâce à un jeu qui ne se satisfait pas d'une simple narration, mais fait appel à un investissement physique intense, Luisa Pardo et Lázaro Gabino Rodríguez incarnent leurs propres personnages, créant alternativement des scènes de violence, de purification, d'apaisement qui donnent vie à leur mise en scène. Au-delà de la narration documentaire, l'on ressent que la volonté des deux créateurs du spectacle est de stimuler nos sens critiques vis-à-vis de nos propres points de vue en tentant toujours de percevoir ce que l'autre voit et ressent. Une altérité qui échappe parfois à nos perceptions.
◙ Bruno Fougniès
M. leur demande alors une promesse étrange. Arguant d'une ressemblance physique entre Luisa Pardo et elle-même, elle la prie de se rendre dans son pays sous son identité, car elle souffre d'une chose qu'elle ne peut réparer elle-même sans risquer sa vie : son frère, décédé lors de la pandémie de covid, a été enterré en fosse commune. Elle voudrait, telle une moderne Antigone, que celui-ci soit enterré dans le caveau familial auprès de leur mère.
Et voilà la deuxième partie du spectacle, qui joue non plus seulement des sentiments et des ressentis, mais des tripes, des peurs, des dangers auxquels se sont livrés ces deux créateurs, qui d'observateurs se transforment soudain en acteurs de leur propre documentaire.
Grâce à un jeu qui ne se satisfait pas d'une simple narration, mais fait appel à un investissement physique intense, Luisa Pardo et Lázaro Gabino Rodríguez incarnent leurs propres personnages, créant alternativement des scènes de violence, de purification, d'apaisement qui donnent vie à leur mise en scène. Au-delà de la narration documentaire, l'on ressent que la volonté des deux créateurs du spectacle est de stimuler nos sens critiques vis-à-vis de nos propres points de vue en tentant toujours de percevoir ce que l'autre voit et ressent. Une altérité qui échappe parfois à nos perceptions.
◙ Bruno Fougniès
"Centroamerica"
© Ulises Avila.
Spectacle en espagnol sur-titré en français.
Mise en scène : Luisa Pardo & Lázaro Gabino Rodríguez.
Assistante à la mise en scène : Macaria Reyes.
Avec : Luisa Pardo & Lázaro Gabino Rodríguez.
Traduction et adaptation des surtitres : Elisabetta Scarin.
Création lumière et scénographie : Sergio López Vigueras.
Conception et réalisation des rideaux : Pedro Pizarro.
Assistance générale : Janet Vázquez et Manu Guerrero.
Production : Lagartijas Tiradas al Sol.
À partir de 13 ans.
Durée : 1 h 40.
A été joué les 15 et 16 octobre 2024 au Théâtre Joliette à Marseille.
Tournée
29 octobre 2024 : Universidad de Bologna. Bologne (Italie).
2 et 3 novembre 2024 : Romaeuropa, Rome (Italie).
8 novembre 2024 : Temporada Alta, Girona (Espagne).
Du 13 au 23 novembre 2024 : Théâtre Vidy, Lausanne (Suisse).
27 novembre 2024 : Fabrique de Théâtre - Site Européen de Création, Bastia (20).
Mise en scène : Luisa Pardo & Lázaro Gabino Rodríguez.
Assistante à la mise en scène : Macaria Reyes.
Avec : Luisa Pardo & Lázaro Gabino Rodríguez.
Traduction et adaptation des surtitres : Elisabetta Scarin.
Création lumière et scénographie : Sergio López Vigueras.
Conception et réalisation des rideaux : Pedro Pizarro.
Assistance générale : Janet Vázquez et Manu Guerrero.
Production : Lagartijas Tiradas al Sol.
À partir de 13 ans.
Durée : 1 h 40.
A été joué les 15 et 16 octobre 2024 au Théâtre Joliette à Marseille.
Tournée
29 octobre 2024 : Universidad de Bologna. Bologne (Italie).
2 et 3 novembre 2024 : Romaeuropa, Rome (Italie).
8 novembre 2024 : Temporada Alta, Girona (Espagne).
Du 13 au 23 novembre 2024 : Théâtre Vidy, Lausanne (Suisse).
27 novembre 2024 : Fabrique de Théâtre - Site Européen de Création, Bastia (20).