© Pablo Guidali.
Guitare électrique et batterie démarrent le spectacle pendant quelques minutes. Puis un long silence apparaît durant lequel Rocío Molina, habillée dans une robe blanche avec une longue traîne, fait des mouvements au ralenti, presque à l'arrêt. Pieds nus, son corps glisse sur la scène faisant une gestuelle arrondie avec une position du tronc savamment bien dosée avec la robe. L'entrée en matière est délicate, élégante et bien apprêtée en totale dysharmonie avec le tempo précédent. Celui-ci oscille, durant tout le spectacle, entre une sonorité vive et intensive, et un rythme comme suspendu au temps.
Le corps est très présent. Il se montre, s'entend et se voit. Molina l'utilise comme un instrument artistique. Il se suffit à lui-même en investissant un pré carré de mouvements où ceux-ci peuvent être à l'arrêt. La posture, au sens noble et artistique du terme, participe à cette "plénitude". Des postures, le flamenco en possède qui veut que le corps soit roi et théâtral. Pour autant, il n'est pas montré comme une beauté en soi. Il est beau car il est en mouvement.
Là, Molina le fixe dans son essence, pour ce qu'il est, repoussant les limites corporelles au-delà des palmas (1), des zapatéos (2) et des taconeos (3). Les genoux sont aussi de la chorégraphie. Ce n'est plus le talon qui tape le sol mais également ceux-ci comme lors d'un saut bousculant ainsi l'appréhension que nous pouvons avoir du corps et de ses articulations. Merci aux genouillères.
Le corps est très présent. Il se montre, s'entend et se voit. Molina l'utilise comme un instrument artistique. Il se suffit à lui-même en investissant un pré carré de mouvements où ceux-ci peuvent être à l'arrêt. La posture, au sens noble et artistique du terme, participe à cette "plénitude". Des postures, le flamenco en possède qui veut que le corps soit roi et théâtral. Pour autant, il n'est pas montré comme une beauté en soi. Il est beau car il est en mouvement.
Là, Molina le fixe dans son essence, pour ce qu'il est, repoussant les limites corporelles au-delà des palmas (1), des zapatéos (2) et des taconeos (3). Les genoux sont aussi de la chorégraphie. Ce n'est plus le talon qui tape le sol mais également ceux-ci comme lors d'un saut bousculant ainsi l'appréhension que nous pouvons avoir du corps et de ses articulations. Merci aux genouillères.
© Pablo Guidali.
La nudité corporelle n'a pas franchi le mur de l'impudeur. Molina cache, avec ses mains, ses parties intimes pour, une fois son costume mis, retrouver tout son aplomb et sa superbe, son insolence, sa beauté. Le corps devient important dans toutes ses parties. Aucune ne devient fixe. Tout aussi bien que les talons, les mains et les bras qui sont les outils maîtres du flamenco, les jambes, les doigts dans leurs claquements et le tronc participent grandement aux chorégraphies donnant une présence certaine de l'artiste sur scène.
Le corps devient beau à regarder pour ce qu'il est. Il est incarné autant dans son immobilité que dans ses attitudes et ses mouvements. Le tout est lié. En cela, Molina bouscule les codes du flamenco faisant de cette danse aux contours mouvants et rythmés une nouvelle combinaison dans laquelle la fixité et le ralenti deviennent les deux versants d'une appréhension artistique où le regard se fait complice d'un corps qui est autant à voir qu'à entendre.
Les taconeos sont rapides avec un tapotement des talons sur le sol, petits et vifs. Molina amène ses jambes en l'air, en abandonnant ceux-ci, et en glissant tout du long sur la scène pour créer une chorégraphie avec ses jambes, comme une revendication corporelle de tout le corps et établir une harmonie flamenca entre membres inférieurs et supérieurs où le tronc devient l'axe central d'un corps devenant autant silencieux, sonore qu'expressif.
Le compás (4) accompagne la danseuse avec les palmas de Oruco. Ceux-ci sont très présents car la musique n'accompagne pas toujours les solos de Rocío Molina. Les danses oscillent autour de la musique rock et du silence qui suit, des taconeos à ses zapatéos, des talons sur le sol aux jambes coulissant dans les airs… De cette longue robe blanche qui habille, dans un silence de grâce, la danseuse à cette autre trempée d'encre qui la découvre, de cette nudité qui l'enveloppe à ce costume qui la vêt.
Ces antinomies participent à créer un accent artistique dans lequel la musique et le corps se marient au calme et à l'intensité des mouvements, comme une rencontre entre le soleil du flamenco et son ombre.
(1) Claquement des mains pour créer le rythme sur un chant et/ou une danse flamenca.
(2) Claquement de pieds nus au sol.
(3) Claquement des talons au sol suivant un compás.
(4) Schéma rythmique propre à chaque chant et danse.
Le corps devient beau à regarder pour ce qu'il est. Il est incarné autant dans son immobilité que dans ses attitudes et ses mouvements. Le tout est lié. En cela, Molina bouscule les codes du flamenco faisant de cette danse aux contours mouvants et rythmés une nouvelle combinaison dans laquelle la fixité et le ralenti deviennent les deux versants d'une appréhension artistique où le regard se fait complice d'un corps qui est autant à voir qu'à entendre.
Les taconeos sont rapides avec un tapotement des talons sur le sol, petits et vifs. Molina amène ses jambes en l'air, en abandonnant ceux-ci, et en glissant tout du long sur la scène pour créer une chorégraphie avec ses jambes, comme une revendication corporelle de tout le corps et établir une harmonie flamenca entre membres inférieurs et supérieurs où le tronc devient l'axe central d'un corps devenant autant silencieux, sonore qu'expressif.
Le compás (4) accompagne la danseuse avec les palmas de Oruco. Ceux-ci sont très présents car la musique n'accompagne pas toujours les solos de Rocío Molina. Les danses oscillent autour de la musique rock et du silence qui suit, des taconeos à ses zapatéos, des talons sur le sol aux jambes coulissant dans les airs… De cette longue robe blanche qui habille, dans un silence de grâce, la danseuse à cette autre trempée d'encre qui la découvre, de cette nudité qui l'enveloppe à ce costume qui la vêt.
Ces antinomies participent à créer un accent artistique dans lequel la musique et le corps se marient au calme et à l'intensité des mouvements, comme une rencontre entre le soleil du flamenco et son ombre.
(1) Claquement des mains pour créer le rythme sur un chant et/ou une danse flamenca.
(2) Claquement de pieds nus au sol.
(3) Claquement des talons au sol suivant un compás.
(4) Schéma rythmique propre à chaque chant et danse.
"Caída del Cielo"
© Pablo Guidali.
Co-direction artistique, chorégraphie et direction musicale : Rocío Molina.
Co-direction artistique, dramaturgie, mise en scène et création lumière : Carlos Marquerie.
Avec : Rocío Molina (danse), José Ángel Carmona (chant), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique), José Manuel Ramos "Oruco" (palmas), Eduardo Trassierra (guitare).
Musique originale : Eduardo Trassierra en collaboration avec José Ángel Carmona, José Manuel Ramos "Oruco", Pablo Martín Jones.
Aide à la relation au sol : Elena.
Costumes : Cecilia Molano.
Réalisation des costumes : López de Santos, Maty, Rafael Solis.
Direction technique, lumière : Antonio Serrano.
Son : Javier Álvarez.
Régie plateau : Reyes Pipio.
Assistanat à la production : Magdalena Escoriza.
Direction exécutive : Loïc Bastos.
Durée : 1 h 20.
Du 3 au 11 novembre 2016.
Mardi, mercredi, vendredi, samedi, à 20 h 30, jeudi à 19 h 30 dimanche à 15 h 30.
Théâtre national de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr
Co-direction artistique, dramaturgie, mise en scène et création lumière : Carlos Marquerie.
Avec : Rocío Molina (danse), José Ángel Carmona (chant), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique), José Manuel Ramos "Oruco" (palmas), Eduardo Trassierra (guitare).
Musique originale : Eduardo Trassierra en collaboration avec José Ángel Carmona, José Manuel Ramos "Oruco", Pablo Martín Jones.
Aide à la relation au sol : Elena.
Costumes : Cecilia Molano.
Réalisation des costumes : López de Santos, Maty, Rafael Solis.
Direction technique, lumière : Antonio Serrano.
Son : Javier Álvarez.
Régie plateau : Reyes Pipio.
Assistanat à la production : Magdalena Escoriza.
Direction exécutive : Loïc Bastos.
Durée : 1 h 20.
Du 3 au 11 novembre 2016.
Mardi, mercredi, vendredi, samedi, à 20 h 30, jeudi à 19 h 30 dimanche à 15 h 30.
Théâtre national de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr