© Pascal Gely
Toujours sur une corde raide, Jacques Gamblin réussit à réunir encore une fois deux entités antinomiques, deux arts paradoxaux : la danse et le théâtre. Paradoxaux, car en danse, le sens vient après ; au théâtre, on cherche l’histoire avant tout le reste. Entre un Bastien Lefèvre confiant que le sens va arriver et un Jacques Gamblin inquiet qu’il n’arrive pas, c’est sur ce fil, dans cette "recherche infinie de l’équilibre et de la confiance" que ce spectacle se co-construit, sur scène comme dans sa mise en scène.
Avec Gamblin, il s’agit toujours de petites histoires, celles de fragments de vie regardés à la loupe et qui racontent une aventure humaine. Son auteur aime qu’une histoire soit racontée sans qu’on sache comment elle s’est racontée. "C’est mon truc", confie t-il après le spectacle. C’était déjà le cas dans "Tout est normal mon cœur scintille", son spectacle précédent. Ici, les conseils de l’entraîneur exultent et rebondissent, marquent le tempo de charybde en scylla, entrecoupés de quelques adages, des moments de poésie tout en suspension. À couper le souffle. Et articulés par l’enchevêtrement de ces deux corps désarticulés.
Comment donc trouver la brèche, transmettre et arriver à apprendre, apprendre à s’échapper aussi de la petite histoire (souvent une question de survie) pour qu'elle devienne universelle ? Dans une scénographie au décorum sobre et confiné d’une salle de sport, deux corps superbement sculptés (et revêtus de survêtements noirs et orange pétant, on aime le contraste) font du sport, ou plutôt l'évoquent de manière "dynamique" sans pour autant toucher à aucun sport. Universalité transcendée encore un peu plus grâce à l’absurde que côtoie Gamblin dans chacun de ses spectacles et qui peut aussi devenir ici un bel éloge de la folie. Tous les moyens sont bons dans ce voyage où corps et mots se cherchent et se disputent. Ils vont en tout cas chercher en chacun de nous un peu de cette fragilité, de cette rage, de cette colère, de cette sueur "de soi" qui fait notre humanité. Cette difficulté à être et à devenir. Tellement.
Avec Gamblin, il s’agit toujours de petites histoires, celles de fragments de vie regardés à la loupe et qui racontent une aventure humaine. Son auteur aime qu’une histoire soit racontée sans qu’on sache comment elle s’est racontée. "C’est mon truc", confie t-il après le spectacle. C’était déjà le cas dans "Tout est normal mon cœur scintille", son spectacle précédent. Ici, les conseils de l’entraîneur exultent et rebondissent, marquent le tempo de charybde en scylla, entrecoupés de quelques adages, des moments de poésie tout en suspension. À couper le souffle. Et articulés par l’enchevêtrement de ces deux corps désarticulés.
Comment donc trouver la brèche, transmettre et arriver à apprendre, apprendre à s’échapper aussi de la petite histoire (souvent une question de survie) pour qu'elle devienne universelle ? Dans une scénographie au décorum sobre et confiné d’une salle de sport, deux corps superbement sculptés (et revêtus de survêtements noirs et orange pétant, on aime le contraste) font du sport, ou plutôt l'évoquent de manière "dynamique" sans pour autant toucher à aucun sport. Universalité transcendée encore un peu plus grâce à l’absurde que côtoie Gamblin dans chacun de ses spectacles et qui peut aussi devenir ici un bel éloge de la folie. Tous les moyens sont bons dans ce voyage où corps et mots se cherchent et se disputent. Ils vont en tout cas chercher en chacun de nous un peu de cette fragilité, de cette rage, de cette colère, de cette sueur "de soi" qui fait notre humanité. Cette difficulté à être et à devenir. Tellement.
"1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes"
© Pascal Gely
Sous la direction de Catherine Gamblin-Lefèvre, le danseur Bastien Lefèvre (c’est donc aussi dans la vie comme sur scène une belle histoire de famille et de transmission) possédait déjà, dans "Tout est normal mon cœur scintille", cette beauté évanescente et spectrale. Dans ce duo, il révèle cette recherche perpétuelle du geste précis, une endurance époustouflante dans laquelle le corps repousse sans cesse les limites de l’acceptable. Le spectacle est intense et exigeant. Intense en émotion, exigeant physiquement puisqu’il nécessite trois heures d’échauffement pour les comédiens avant chaque représentation.
Quant au spectateur qui traverse ces "1 heure 23 minutes 14 secondes et 7 centièmes" (ou presque !) de spectacle, certaines phrases sont une gifle : "Ce n’est plus l’heure des pourquoi, c’est l’heure des parce que". D’ailleurs, "tu as le droit d’aller mal, mais tu n’as pas le droit de ne rien faire pour aller mieux"… car "Il ne faut pas vouloir trop et travailler à ne pas vouloir". Dans cette séance de répétition, les corps sont en suspension, les mots en extension. Les deux s’enchevêtrent, se transmettent et travaillent à être, dans une réciprocité troublante.
Nota bene : Nous avons eu la chance d’assister à la dernière représentation d’une première tournée en province (là, c’était à Falaise, en Normandie, dans le cadre du festival "Danse de tous les sens", organisé par Catherine Gamblin-Lefèvre). Les prochaines représentations seront maintenant en janvier 2016 au Centquatre où Jacques Gamblin est en résidence. Nous aurons l’occasion de vous en reparler… Mais ce sera à voir, absolument !
Quant au spectateur qui traverse ces "1 heure 23 minutes 14 secondes et 7 centièmes" (ou presque !) de spectacle, certaines phrases sont une gifle : "Ce n’est plus l’heure des pourquoi, c’est l’heure des parce que". D’ailleurs, "tu as le droit d’aller mal, mais tu n’as pas le droit de ne rien faire pour aller mieux"… car "Il ne faut pas vouloir trop et travailler à ne pas vouloir". Dans cette séance de répétition, les corps sont en suspension, les mots en extension. Les deux s’enchevêtrent, se transmettent et travaillent à être, dans une réciprocité troublante.
Nota bene : Nous avons eu la chance d’assister à la dernière représentation d’une première tournée en province (là, c’était à Falaise, en Normandie, dans le cadre du festival "Danse de tous les sens", organisé par Catherine Gamblin-Lefèvre). Les prochaines représentations seront maintenant en janvier 2016 au Centquatre où Jacques Gamblin est en résidence. Nous aurons l’occasion de vous en reparler… Mais ce sera à voir, absolument !
"1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes"
© Pascal Gely
Textes : Jacques Gamblin.
De et avec : Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre.
Chorégraphie et sélection musicale : Bastien Lefèvre.
Assistante à la mise en scène : Domitille Bioret.
Assistante à la chorégraphie : Catherine Gamblin-Lefèvre.
Scénographie : Alain Burkath.
Lumières : Laurent Béal.
Costumes : Marilyne Lafay.
Staff d'entrainement : Anne Bourgeois et Yannick Hugron.
Son : Marc de Frutos.
Durée : 1 h 20.
De et avec : Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre.
Chorégraphie et sélection musicale : Bastien Lefèvre.
Assistante à la mise en scène : Domitille Bioret.
Assistante à la chorégraphie : Catherine Gamblin-Lefèvre.
Scénographie : Alain Burkath.
Lumières : Laurent Béal.
Costumes : Marilyne Lafay.
Staff d'entrainement : Anne Bourgeois et Yannick Hugron.
Son : Marc de Frutos.
Durée : 1 h 20.
Du 12 au 24 janvier 2016.
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 17 h.
Le Centquatre-Paris, Salle 400, Paris 19e, 01 53 35 50 00.
>> 104.fr
Tournée
26 et 27 janvier 2016 : Théâtre Anthea, Antibes (06).
31 janvier 2016 : Théâtre municipal Ducourneau, Agen (47).
3 au 6 février 2016 : Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Toulouse (31).
9 février 2016 : Théâtre municipal, Cahors (46).
11 février 2016 : Le Théâtre - Scène nationale, Narbonne (11).
19 février 2016 : Théâtre Jean Arp, Clamart (92).
29 février 2016 : L’Equinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
3 et 4 mars 2016 : Théâtre municipal, Grasse (06).
8 mars 2016 : Théâtre de l’Olivier, Istres (13).
10 mars 2016 : Théâtre Casino, Le Locle (Suisse).
15 et 16 mars 2016 : Théâtre Beausobre, Morges (Suisse).
18 et samedi 19 mars 2016 : Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains (74).
22 et 23 mars 2016 : Le Carré, Les Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).
25 mars 2016 : Espace culturel Capellia, La Chapelle-sur-Erdre (44).
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 17 h.
Le Centquatre-Paris, Salle 400, Paris 19e, 01 53 35 50 00.
>> 104.fr
Tournée
26 et 27 janvier 2016 : Théâtre Anthea, Antibes (06).
31 janvier 2016 : Théâtre municipal Ducourneau, Agen (47).
3 au 6 février 2016 : Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Toulouse (31).
9 février 2016 : Théâtre municipal, Cahors (46).
11 février 2016 : Le Théâtre - Scène nationale, Narbonne (11).
19 février 2016 : Théâtre Jean Arp, Clamart (92).
29 février 2016 : L’Equinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
3 et 4 mars 2016 : Théâtre municipal, Grasse (06).
8 mars 2016 : Théâtre de l’Olivier, Istres (13).
10 mars 2016 : Théâtre Casino, Le Locle (Suisse).
15 et 16 mars 2016 : Théâtre Beausobre, Morges (Suisse).
18 et samedi 19 mars 2016 : Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains (74).
22 et 23 mars 2016 : Le Carré, Les Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).
25 mars 2016 : Espace culturel Capellia, La Chapelle-sur-Erdre (44).