Grands sourires échangés sur scène (une sorte de proscenium construit sur la fosse) et dans la salle (derrière les masques), décidément personne n'a boudé son plaisir le soir du 19 septembre lors du premier concert de l'Orchestre de l'Opéra de Paris d'après confinement. Car il était vraiment très attendu ce concert, après six mois de fermeture de ce lieu prestigieux - et donné en présence du nouveau patron de la maison, Alexander Neef, et de la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, lyricomane comme on ne l'ignore pas.
Le programme de la soirée dédié au divin Mozart a attiré un public nombreux (demi-jauge) qui applaudit avec enthousiasme entre les mouvements des trois symphonies offertes. Nullement décontenancé, le charismatique chef maison, Philippe Jordan, déclare soudainement juste avant d'attaquer la "Jupiter" en troisième partie de soirée que les musiciens et lui sont extrêmement heureux d'accueillir à nouveau le public - la voix manque presque de se briser d'émotion, déchaînant un autre tonnerre d'applaudissements.
Le programme de la soirée dédié au divin Mozart a attiré un public nombreux (demi-jauge) qui applaudit avec enthousiasme entre les mouvements des trois symphonies offertes. Nullement décontenancé, le charismatique chef maison, Philippe Jordan, déclare soudainement juste avant d'attaquer la "Jupiter" en troisième partie de soirée que les musiciens et lui sont extrêmement heureux d'accueillir à nouveau le public - la voix manque presque de se briser d'émotion, déchaînant un autre tonnerre d'applaudissements.
Il est des soirs comme celui-là, inoubliable, à marquer d'une croix blanche. D'autant plus que l'interprétation, parfaite, sert idéalement le corpus choisi. Les symphonies 39 à 41, composées en deux mois pendant l'été 1788, au cœur d'une période noire pour Mozart, appartiennent de plein droit au panthéon de ses chefs-d'œuvre. Alfred Einstein ne déclare-t-il pas que Beethoven n'aurait jamais établi le concept d'une "symphonie monumentale" sans le jalon que constituent la Symphonie de Prague (1786) et la grande trilogie de 1788 dans l'histoire de la musique (1) ? Ces trois ultimes symphonies jamais jouées du vivant de son auteur, sont bien selon le mot magnifique d'Einstein "un appel lancé à l'éternité".
Des œuvres que le chef suisse dirige sans partition, mais avec la gestique la plus élégante et passionnée qui soit ; n'hésitant pas à plier sa haute taille pour obtenir tel accent ou tel crescendo, établissant avec ses musiciens des yeux et avec le sourire un lien incessant, tangible. Depuis 2009 qu'il travaille avec eux, on sent bien que la cohésion, l'amitié, la confiance, la complicité ne sont pas de vains mots - et les super solistes de l'orchestre le saluent très chaleureusement à la fin du concert.
Philippe Jordan obtient de tous les pupitres un son chaleureux et noble ; la transparence des timbres le dispute à la vivacité, à la délicatesse, à la virtuosité précise du geste dès la 39e symphonie. Dans la 40e, célébrissime à raison, tant on ne peut prendre plus de plaisir à l'écoute, l'investissement des artistes, leur talent et l'évidente joie de jouer ensemble offrent un pur moment de bonheur intense. Si le chef en accentue clairement l'harmonie classique (le chant pastoral dans l'andante, l'élan serein ailleurs) plutôt que les arrière-plans ténébreux préromantiques, il ne manque pas d'en libérer aussi l'énergie vitale et la puissance émotionnelle.
L'orchestre, en état de grâce, fait briller dans la 41e, la "Jupiter", les mille trouvailles de l'écriture mozartienne, la délicatesse des dialogues, la beauté du contrepoint et de l'architecture générale. Héroïques ou d'une gaieté pleine de vitalité, les sentiments se déploient d'un mouvement à l'autre ; les musiciens se montrant là encore maîtres dans l'art des nuances et des phrasés, des climats antagonistes aux multiples voix chantantes. Sommet du génie orchestral mozartien, cette 41e symphonie clôt avec grandeur une soirée délectable. Il reste une année pour jouir encore à Paris de l'énorme talent du chef suisse, en partance pour l'Opéra de Vienne fin 2021.
Des œuvres que le chef suisse dirige sans partition, mais avec la gestique la plus élégante et passionnée qui soit ; n'hésitant pas à plier sa haute taille pour obtenir tel accent ou tel crescendo, établissant avec ses musiciens des yeux et avec le sourire un lien incessant, tangible. Depuis 2009 qu'il travaille avec eux, on sent bien que la cohésion, l'amitié, la confiance, la complicité ne sont pas de vains mots - et les super solistes de l'orchestre le saluent très chaleureusement à la fin du concert.
Philippe Jordan obtient de tous les pupitres un son chaleureux et noble ; la transparence des timbres le dispute à la vivacité, à la délicatesse, à la virtuosité précise du geste dès la 39e symphonie. Dans la 40e, célébrissime à raison, tant on ne peut prendre plus de plaisir à l'écoute, l'investissement des artistes, leur talent et l'évidente joie de jouer ensemble offrent un pur moment de bonheur intense. Si le chef en accentue clairement l'harmonie classique (le chant pastoral dans l'andante, l'élan serein ailleurs) plutôt que les arrière-plans ténébreux préromantiques, il ne manque pas d'en libérer aussi l'énergie vitale et la puissance émotionnelle.
L'orchestre, en état de grâce, fait briller dans la 41e, la "Jupiter", les mille trouvailles de l'écriture mozartienne, la délicatesse des dialogues, la beauté du contrepoint et de l'architecture générale. Héroïques ou d'une gaieté pleine de vitalité, les sentiments se déploient d'un mouvement à l'autre ; les musiciens se montrant là encore maîtres dans l'art des nuances et des phrasés, des climats antagonistes aux multiples voix chantantes. Sommet du génie orchestral mozartien, cette 41e symphonie clôt avec grandeur une soirée délectable. Il reste une année pour jouir encore à Paris de l'énorme talent du chef suisse, en partance pour l'Opéra de Vienne fin 2021.
Concert donné le 19 septembre 2020.
Prochaine séance le 27 septembre 2020 à 17 h.
Spectacles à venir :
Concert Johann Sebastian Bach le 26 septembre & le 3 octobre 2020 (direction P. Jordan).
Concert Antonio Vivaldi le 4 octobre 2020 à 17 h (direction Frédéric Laroque).
Soir de fête à l'Opéra par les Artistes de l'Académie de l'ONP le 1er octobre 2020 à 20 h.
Réouverture de Bastille le 23 novembre avec le Ring de Richard Wagner en version concert.
Opéra national de Paris.
Salle Garnier, place de l'Opéra, Paris.
Tél. : 08 92 89 90 90.
>> operadeparis.fr
Prochaine séance le 27 septembre 2020 à 17 h.
Spectacles à venir :
Concert Johann Sebastian Bach le 26 septembre & le 3 octobre 2020 (direction P. Jordan).
Concert Antonio Vivaldi le 4 octobre 2020 à 17 h (direction Frédéric Laroque).
Soir de fête à l'Opéra par les Artistes de l'Académie de l'ONP le 1er octobre 2020 à 20 h.
Réouverture de Bastille le 23 novembre avec le Ring de Richard Wagner en version concert.
Opéra national de Paris.
Salle Garnier, place de l'Opéra, Paris.
Tél. : 08 92 89 90 90.
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