La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Que sur toi se lamente le Tigre" ou la défaite de l'amour - 29/01/2024

Irak. De nos jours. Une jeune femme retrouve son promis en cachette. Tous deux sont étourdis de fébrilité, enivrés par la naissance du désir. Tous deux se retrouvent plusieurs fois, discrètement, car ce genre de rencontre, seuls, en tête-à-tête et sans voile, ne se fait pas dans ce pays. Est interdit. Est presque un crime. Même s'ils ne font que s'effleurer du regard et ne se toucher que du...  

"Gelsomina" Quand le film culte s'invite au théâtre avec une majestueuse simplicité - 26/01/2024

Enfant naïve, Gelsomina a été vendue par sa mère à un Hercule de foire brutal, Zampano. Ensemble, ils sillonnent les routes d'Italie, de village en village, menant la vie âpre des forains. Zampano ne cesse de rudoyer Gelsomina. Elle éprouve cependant un certain attachement pour lui. Avec l'arrivée d'un autre saltimbanque, Il Matto, le "fou funambule", l'épopée va brusquement virer dans le drame....  

"La Solitude des mues", un voyage dans les fanstamagories et les enfouissements de l'adolescence - 25/01/2024

C'est à l'adolescence, cet âge clef où se télescopent mal-être, recherche de soi-même, recherche de l'autre et fantasmes en tous genres, que "La Solitude des mues" s'intéresse. Un père isolé suite au décès de sa femme, une fille unique et son amie forment le trio central de l'histoire. Les deux filles font partie de la mode kawai qui consiste à faire perdurer le monde naïf de l'enfance via une...  

"Le Misanthrope" ou une revisite contemporaine époustouflante de justesse - 24/01/2024

Alceste est atrabilaire jusqu'au bout des ongles. Il hait la nature humaine en tous points, surtout celle de la Cour et de la société mondaine, et épingle plus que tout les mœurs de son temps. Sa misanthropie fait finalement de lui le plus droit des hommes et le plus loyal, mais il lui manque une vertu : l'indulgence pour la conduite de ses semblables. Cela le pousse dans un rigorisme et une...  

"Andromaque" Femme fatale… Une version flamboyante, en rouge, noir et blanc, de la mythique tragédie - 23/01/2024

Un plateau rouge sang – de la couleur de celui versé à flots lors de la prise de Troie par les Grecs, écho princeps des guerres contemporaines et de leurs effusions sanglantes – sur lequel les protagonistes tout de noir vêtus évolueront jusqu'à s'y perdre. Du quatuor mythique (Oreste, Hermione, Pyrrhus, Andromaque), marqué à jamais par le fatum cruel qui leur fait aimer celui ou celle qui ne veut...  

"Le Problème lapin cartographie 7" Quand une cartographie de l'Atlas se transforme en une lumineuse farandole autour des Oryctolagus cuniculus - 22/01/2024

Mais d'où viennent tous ces lapins qui se multiplient autour de nous, jusque dans les jardins publics de notre chère capitale ? Faut-il y voir un nouveau symptôme du dérèglement de la planète ? Le marqueur de l'évolution incontrôlable du vivant ? Vaste question, d'autant que les lapins interrogent Homo-sapiens et son monde jusqu'à l'absurde, grignotent les câbles et les choux des Kerguelen et...  

"À mes amours" Oh les beaux souvenirs des premières fois… - 17/01/2024

Si, selon la formule fameuse du non moins fameux psychanalyste Jacques Lacan, "L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas", on peut dire que l'immortelle Adèle (sa dernière création, "De la mort qui tue", découverte au festival L'Échappée Belle en juin dernier, nous a ravis) aurait pu être l'inspiratrice de cette saillie verbale… En effet les jeux enfantins (?) de...  

"Personne"… Quelqu'un, plusieurs, la quête de la personnalité d'un père aux multiples visages - 16/01/2024

C'est un dialogue post-mortem. Un possible questionnement d'une fille pour son père disparu. Disparu tellement, tellement de fois différemment. Disparu de son vivant et disparu après son vivant. Disparu dans d'étranges contrées. Des pays mentaux, des défroques, des personnages où ce père tentait sans cesse des escapades imaginaires, se prenant pour espion, clown ou autre. Se prenant pour...  

"Maîtres anciens (Comédie)" La détestation promue à l'état de grâce artistique - 05/01/2024

Précédant "Extinction" dont le titre prend valeur de testament, "Maîtres anciens" – roman éponyme de Thomas Bernhard adapté ici par Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit et Éric Didry – est l'avant-dernier de l'écrivain autrichien. Dans un jeu de massacre haut en couleur, animé par sa haine récurrente de l'État catholique, remugle de l'État national-socialiste, et son non moins irrésistible humour...  

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths - 11/01/2024

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres ! Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart,...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024