Les Serments indiscrets © Marion Duhamel.
Marivaux ou l’art de la contradiction : Lucile refuse d’épouser Damis. Fierté de bonne femme d’un désir inavouable ou peur d’être délaissée trop vite, cette jeune fille au fort caractère pousse jusqu’au bout le jeu de l’amour. Mais cette raisonneuse n’a peut-être pas tout à fait tort lorsqu’elle affirme que « les hommes ne sont bons qu’en qualité d’amants ». (Beaumarchais nous l’a assez montré avec le personnage du comte Almaviva dans son Mariage de Figaro). À tort ou à raison, Lucile résiste donc tant qu’elle peut à la tentation du mariage. Mais les cinq actes finiront par avoir raison de sa raison et l’amour emportera ce cœur rebelle. Au-delà de l’intrigue (au schéma parfaitement marivaudien), cette pièce à quiproquos est aussi un joli prétexte pour dénoncer les travers d’une époque : statut de la femme-objet, mariage forcé, relation maîtres et valets, etc.
Et dans cette mise en scène, Anne-Marie Lazarini ne dénote pas. L’ensemble montre qu’un réel travail de recherche a été effectué : les costumes de Dominique Bourde, par exemple, annoncent une certaine libération de la femme (crêpe de soie et broderie fine pour les jeunes filles habillées à la mode romaine). De même en est-il de la simplicité et de l’élégance des hommes. Tout, dans la légèreté des toilettes, évoque la Révolution à venir. C’est bien vu et le tableau est d’une précision et d’une justesse indéniables.
Rien à redire non plus sur le jeu et la diction impeccables des comédiens. Une Lisette (Frédérique Lazarini) dont le rôle de la suivante (fausse naïve mi-nunuche mi-intrigante) est parfaitement endossé. Des pères (Jacques Bondoux et Dimitri Radochévitch) dont on salue (bien bas) les qualités d’interprétation (le travail sur la gestuelle particulièrement). Isabelle Mentré aussi nous étonne. D’abord dans la façon qu’elle a d’articuler le texte. Ensuite, on se pique au jeu de ce petit être au visage de poupée de cire qui désarticule les mots en même temps qu’elle défait les nœuds et révèle les amants l’un à l’autre.
On est moins convaincu par Julie Pouillon dans le rôle principal. On a du mal à s’attacher au jeu de son personnage qui manque un peu de grâce et de fluidité. Dans sa direction d’acteurs, Anne-Marie Lazarini l’a-t-elle voulu comme cela ? C’est très possible. Quoi qu’il en soit, Arnaud Simon (l’amoureux éploré) rééquilibre largement les duos, et les interventions saugrenues de Frontin (Cédric Colas) et de Lisette donnent un tour un peu plus piquant aux dialogues.
Et dans cette mise en scène, Anne-Marie Lazarini ne dénote pas. L’ensemble montre qu’un réel travail de recherche a été effectué : les costumes de Dominique Bourde, par exemple, annoncent une certaine libération de la femme (crêpe de soie et broderie fine pour les jeunes filles habillées à la mode romaine). De même en est-il de la simplicité et de l’élégance des hommes. Tout, dans la légèreté des toilettes, évoque la Révolution à venir. C’est bien vu et le tableau est d’une précision et d’une justesse indéniables.
Rien à redire non plus sur le jeu et la diction impeccables des comédiens. Une Lisette (Frédérique Lazarini) dont le rôle de la suivante (fausse naïve mi-nunuche mi-intrigante) est parfaitement endossé. Des pères (Jacques Bondoux et Dimitri Radochévitch) dont on salue (bien bas) les qualités d’interprétation (le travail sur la gestuelle particulièrement). Isabelle Mentré aussi nous étonne. D’abord dans la façon qu’elle a d’articuler le texte. Ensuite, on se pique au jeu de ce petit être au visage de poupée de cire qui désarticule les mots en même temps qu’elle défait les nœuds et révèle les amants l’un à l’autre.
On est moins convaincu par Julie Pouillon dans le rôle principal. On a du mal à s’attacher au jeu de son personnage qui manque un peu de grâce et de fluidité. Dans sa direction d’acteurs, Anne-Marie Lazarini l’a-t-elle voulu comme cela ? C’est très possible. Quoi qu’il en soit, Arnaud Simon (l’amoureux éploré) rééquilibre largement les duos, et les interventions saugrenues de Frontin (Cédric Colas) et de Lisette donnent un tour un peu plus piquant aux dialogues.
Un peu plus seulement. Car là où l’on s’attendait à du marivaudage un tantinet coquin et folâtre, il demeure sage et trop ascétique. Comme le jeu des comédiens, le choix d’un décor épuré de François Cabanat (du sol aux murs, la scène est habillée de blanc) laisse voir un plateau un peu trop lisse et aseptisé. Si l’ensemble ne marque aucune réelle fausse note, disons tout de même que l’on s’ennuie… un peu. Peut-être aurait-on aimé y voir un Marivaux aux tonalités et aux couleurs plus contemporaines... Certes, on a bien compris que c’est là un choix assumé et qu’il permet de redonner au texte le premier rôle en même temps qu’une certaine intemporalité. Mais montrer Marivaux aussi épuré a-t-il encore aujourd’hui un grand intérêt ?
En effet, la question que l’on se pose en sortant de là est bien celle-ci : quel intérêt ? Ce travail a, par certains côtés, des allures très scolaires et très sages. On n’a pas tellement l’impression de sortir des sentiers battus, même en suivant les cailloux lumineux (œuvre du sculpteur David Dreiding) qui jonchent la scène. S'ils peuvent rappeler les miniatures de Fragonard, ils sont aussi à l'image de la pièce : un peu trop lisses et bien brillants. Ils ne donnent guère envie d’être ramassés.
En effet, la question que l’on se pose en sortant de là est bien celle-ci : quel intérêt ? Ce travail a, par certains côtés, des allures très scolaires et très sages. On n’a pas tellement l’impression de sortir des sentiers battus, même en suivant les cailloux lumineux (œuvre du sculpteur David Dreiding) qui jonchent la scène. S'ils peuvent rappeler les miniatures de Fragonard, ils sont aussi à l'image de la pièce : un peu trop lisses et bien brillants. Ils ne donnent guère envie d’être ramassés.
"Les Serments indiscrets"
(Vu le 15 avril 2011)
Texte : Marivaux.
Mise en scène : Anne-Marie Lazarini, assistée de Bruno Andrieux.
Décor et lumières : François Cabanat.
Costumes : Dominique Bourde.
Collaboration aux costumes : Anne-Marie Underdown et Sophie Heurlin.
Sculptures : David Dreiding.
Avec Jacques Bondoux, Cédric Colas, Frédérique Lazarini, Isabelle Mentré, Julie Pouillon, Dimitri Radochévitch, Arnaud Simon.
Du 1er mars au 24 avril 2011.
Mardi 20 h ; mercredi et jeudi 19 h ; vendredi et samedi 20 h 30 ; samedi et dimanche 16 h ; relâche lundi.
Réservations : 01 43 56 38 32.
Pour plus de renseignements : www.artistic-athevains.com
Texte : Marivaux.
Mise en scène : Anne-Marie Lazarini, assistée de Bruno Andrieux.
Décor et lumières : François Cabanat.
Costumes : Dominique Bourde.
Collaboration aux costumes : Anne-Marie Underdown et Sophie Heurlin.
Sculptures : David Dreiding.
Avec Jacques Bondoux, Cédric Colas, Frédérique Lazarini, Isabelle Mentré, Julie Pouillon, Dimitri Radochévitch, Arnaud Simon.
Du 1er mars au 24 avril 2011.
Mardi 20 h ; mercredi et jeudi 19 h ; vendredi et samedi 20 h 30 ; samedi et dimanche 16 h ; relâche lundi.
Réservations : 01 43 56 38 32.
Pour plus de renseignements : www.artistic-athevains.com