Nous avons rencontré Damien Guillon au début de l'été, ayant depuis longtemps remarqué ce magnifique chanteur et son ensemble au nom beau comme l'antique : Le Banquet Céleste*. Un nom qui sonne comme une promesse, jamais déçue en concert et en disque. Justement, un CD paru en février 2016 consacré à Bach et Vivaldi est venu confirmer l'excellence du contre-ténor (également chef) et de son projet artistique. Issu de la Maîtrise de Bretagne (intégrée à huit ans) et du Chœur des Pages et des Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, Damien Guillon a parcouru un beau chemin depuis lors.
Et s'il reste à découvrir pour le grand public, ce garçon lumineux et modeste (organiste et claveciniste par ailleurs), doté d'une admirable voix à la pureté rare, a été de longue date appelé par les plus grands, de Philippe Herreweghe à Raphaël Pichon, de Jean-Claude Malgloire à Masaaki Suzuki. Il a par ailleurs suivi l'enseignement du contre-ténor Andreas Scholl (un baryton à l'origine, comme lui) à la Schola Cantorum Basiliensis.
Christine Ducq - Vous avez choisi d'enregistrer avec le Banquet Céleste un programme centré sur J. S. Bach, avec sa version du "Stabat Mater" de Pergolèse, accompagné du "Nisi Dominus" de Vivaldi. Un programme déjà donné en concert ?
Et s'il reste à découvrir pour le grand public, ce garçon lumineux et modeste (organiste et claveciniste par ailleurs), doté d'une admirable voix à la pureté rare, a été de longue date appelé par les plus grands, de Philippe Herreweghe à Raphaël Pichon, de Jean-Claude Malgloire à Masaaki Suzuki. Il a par ailleurs suivi l'enseignement du contre-ténor Andreas Scholl (un baryton à l'origine, comme lui) à la Schola Cantorum Basiliensis.
Christine Ducq - Vous avez choisi d'enregistrer avec le Banquet Céleste un programme centré sur J. S. Bach, avec sa version du "Stabat Mater" de Pergolèse, accompagné du "Nisi Dominus" de Vivaldi. Un programme déjà donné en concert ?
Damien Guillon - En effet. Nous avons donné la version originale du "Stabat" de Pergolèse plusieurs années avec la soprano Céline Scheen. Puis j'ai découvert la version de Bach que j'ai trouvée très intéressante, en particulier par les modifications apportées à la partition première. Nous avons eu envie d'enregistrer cette version du Cantor beaucoup moins connue.
Et pour Vivaldi ?
D. G. - Nous avons chanté souvent cette pièce dans nos programmes. Pourquoi l'associer au "Psaume 51" de Bach ? L'idée maîtresse de cet enregistrement était de présenter un "Bach et l'Italie", ainsi il m'a paru intéressant de lui mettre en regard ce compositeur qu'il a beaucoup transcrit et connaît très bien. Et puis j'aime beaucoup ce "Nisi Dominus".
Que fait Bach avec la partition de Pergolèse ?
D. G. - Il décide de l'adapter. Il commence par changer le texte en prenant le psaume 51 (celui du "Miserere") et en allemand. C'est loin d'être anodin : le sens du texte est très différent de l'original. Bach modifie aussi quelques lignes mélodiques pour coller au nouveau texte avec des thèmes comme la mort, les larmes, la douleur. Et il crée des motifs inédits. On peut parler d'un enrichissement de la rhétorique. Pour ce qui est de l'orchestre, il procède aussi à quelques changements. Par exemple chez Pergolèse, les altos doublent souvent la basse continue à l'octave (une fonction qui ressemble un peu à du remplissage) alors que Bach compose une vraie partie pour eux. Dans certains airs, l'alto dialogue avec la voix, ce qui est plutôt rare à l'époque.
Bach se livre enfin à quelques petits changements d'ordonnancement des mouvements et nous surprend par un final qui se conclut sur une note un peu plus optimiste que celui du "Stabat Mater" original.
Et pour Vivaldi ?
D. G. - Nous avons chanté souvent cette pièce dans nos programmes. Pourquoi l'associer au "Psaume 51" de Bach ? L'idée maîtresse de cet enregistrement était de présenter un "Bach et l'Italie", ainsi il m'a paru intéressant de lui mettre en regard ce compositeur qu'il a beaucoup transcrit et connaît très bien. Et puis j'aime beaucoup ce "Nisi Dominus".
Que fait Bach avec la partition de Pergolèse ?
D. G. - Il décide de l'adapter. Il commence par changer le texte en prenant le psaume 51 (celui du "Miserere") et en allemand. C'est loin d'être anodin : le sens du texte est très différent de l'original. Bach modifie aussi quelques lignes mélodiques pour coller au nouveau texte avec des thèmes comme la mort, les larmes, la douleur. Et il crée des motifs inédits. On peut parler d'un enrichissement de la rhétorique. Pour ce qui est de l'orchestre, il procède aussi à quelques changements. Par exemple chez Pergolèse, les altos doublent souvent la basse continue à l'octave (une fonction qui ressemble un peu à du remplissage) alors que Bach compose une vraie partie pour eux. Dans certains airs, l'alto dialogue avec la voix, ce qui est plutôt rare à l'époque.
Bach se livre enfin à quelques petits changements d'ordonnancement des mouvements et nous surprend par un final qui se conclut sur une note un peu plus optimiste que celui du "Stabat Mater" original.
Votre travail avec Le Banquet Céleste porte-t-il ses fruits aujourd'hui ?
D. G. - Nous avons commencé les premiers concerts en 2009 et nous avons tracé notre chemin. Nous avons commencé une implantation en région Bretagne d'où je suis originaire et une collaboration avec le Théâtre de Cornouaille à Quimper pour deux ans. Nous entamons également une résidence à l'Opéra de Rennes cette année pour trois ans. J'y chantais à l'âge de douze ou treize ans et je suis très heureux d'y revenir aujourd'hui avec mon ensemble.
Quelle est l'identité du Banquet Céleste ?
D. G. - Jusqu'à présent nous avons fait beaucoup de musique de chambre - une caractéristique que j'entends conserver avec notre double activité vocale et instrumentale. J'ai par ailleurs toujours désiré développer des projets d'excellence dans une formation à plusieurs chanteurs au parcours international.
Jusqu'à présent nous avions deux axes : les musiques italienne et allemande. Nous allons nous intéresser l'an prochain à Antonio Caldara et son oratorio "Maddalena ai piedi di Cristo", toujours avec Céline Scheen (avec qui je chante depuis longtemps), Thomas Hobbs, un ténor rencontré chez P. Herreweghe et le baryton Benoît Arnoud. Ces artistes de très haut niveau sont capables de s'adapter dans des programmes polyphoniques - ce qui n'est pas si courant chez les solistes. À l'avenir j'aimerais faire vivre le répertoire français et des compositeurs un peu négligés aujourd'hui, comme Telemann ou Peri.
D. G. - Nous avons commencé les premiers concerts en 2009 et nous avons tracé notre chemin. Nous avons commencé une implantation en région Bretagne d'où je suis originaire et une collaboration avec le Théâtre de Cornouaille à Quimper pour deux ans. Nous entamons également une résidence à l'Opéra de Rennes cette année pour trois ans. J'y chantais à l'âge de douze ou treize ans et je suis très heureux d'y revenir aujourd'hui avec mon ensemble.
Quelle est l'identité du Banquet Céleste ?
D. G. - Jusqu'à présent nous avons fait beaucoup de musique de chambre - une caractéristique que j'entends conserver avec notre double activité vocale et instrumentale. J'ai par ailleurs toujours désiré développer des projets d'excellence dans une formation à plusieurs chanteurs au parcours international.
Jusqu'à présent nous avions deux axes : les musiques italienne et allemande. Nous allons nous intéresser l'an prochain à Antonio Caldara et son oratorio "Maddalena ai piedi di Cristo", toujours avec Céline Scheen (avec qui je chante depuis longtemps), Thomas Hobbs, un ténor rencontré chez P. Herreweghe et le baryton Benoît Arnoud. Ces artistes de très haut niveau sont capables de s'adapter dans des programmes polyphoniques - ce qui n'est pas si courant chez les solistes. À l'avenir j'aimerais faire vivre le répertoire français et des compositeurs un peu négligés aujourd'hui, comme Telemann ou Peri.
Quelles sont les sensations qui vous font aimer diriger un ensemble ?
D. G. - Plus j'avance, plus j'ai envie de diriger et de faire de la musique de chambre. Et j'adore travailler avec des chanteurs, j'essaie de les aider, de les porter afin qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Mon expérience de chanteur est évidemment précieuse. J'aime l'idée de faire de la musique ensemble dans un groupe, d'être présent pour fédérer des artistes autour d'un projet. Quand le succès est au rendez-vous, il y a une très grande satisfaction à tracer un chemin, à donner une direction musicale. C'est vraiment pour moi un plaisir d'être un guide et de modeler le son. Les musiciens, les chanteurs font des propositions et je m'efforce de les intégrer à ce que j'ai en tête. Ces échanges sont passionnants. Nous vivons de belles expériences.
* Le Banquet Céleste est un ensemble à géométrie variable, dont le noyau est formé par sept musiciens. Suivant les programmes l'ensemble peut comprendre jusqu'à quarante artistes.
D. G. - Plus j'avance, plus j'ai envie de diriger et de faire de la musique de chambre. Et j'adore travailler avec des chanteurs, j'essaie de les aider, de les porter afin qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Mon expérience de chanteur est évidemment précieuse. J'aime l'idée de faire de la musique ensemble dans un groupe, d'être présent pour fédérer des artistes autour d'un projet. Quand le succès est au rendez-vous, il y a une très grande satisfaction à tracer un chemin, à donner une direction musicale. C'est vraiment pour moi un plaisir d'être un guide et de modeler le son. Les musiciens, les chanteurs font des propositions et je m'efforce de les intégrer à ce que j'ai en tête. Ces échanges sont passionnants. Nous vivons de belles expériences.
* Le Banquet Céleste est un ensemble à géométrie variable, dont le noyau est formé par sept musiciens. Suivant les programmes l'ensemble peut comprendre jusqu'à quarante artistes.
● J.S Bach "Psalm 51" BWV 1083 (after Pergolesi's Stabat Mater).
Vivaldi "Nisi Dominus" RV 608".
Damien Guillon - Le Banquet Céleste.
Label : Glossa.
Distribution : harmonia mundi.
Sortie : février 2016.
Durée : 56 min.
Prochaines dates
Festival d'Utrecht : 4 septembre 2016.
>> oudemuziek.nl
Festival d'Ambronay : 2 octobre 2016.
>> ambronay.org
Damien Guillon, contre-ténor et direction.
Céline Scheen, soprano.
Le Banquet Céleste.
Baptiste Lopez, violon et viole d'amour.
Caroline Bayet, violon.
Deirdre Dowling, viole.
Ageet Zweistra, violoncelle.
Christian Staude, contrebasse.
André Henrich, luth.
Kevin Manent-Navratil, clavecin et orgue.
Vivaldi "Nisi Dominus" RV 608".
Damien Guillon - Le Banquet Céleste.
Label : Glossa.
Distribution : harmonia mundi.
Sortie : février 2016.
Durée : 56 min.
Prochaines dates
Festival d'Utrecht : 4 septembre 2016.
>> oudemuziek.nl
Festival d'Ambronay : 2 octobre 2016.
>> ambronay.org
Damien Guillon, contre-ténor et direction.
Céline Scheen, soprano.
Le Banquet Céleste.
Baptiste Lopez, violon et viole d'amour.
Caroline Bayet, violon.
Deirdre Dowling, viole.
Ageet Zweistra, violoncelle.
Christian Staude, contrebasse.
André Henrich, luth.
Kevin Manent-Navratil, clavecin et orgue.